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Bosnie et Serbie : les inondations provoquent "le plus grand exode depuis la fin de la guerre"

Les deux pays sont dévastés par des intempéries qui durent depuis une semaine. Les autorités s'alarment et n'hésitent pas à comparer la situation à la guerre intercommunautaire de 1992-1995.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un homme attend les secours dans la ville de Vojskova, en Bosnie-Herzégovine, le 19 mai 2014. (SRDJAN ZIVULOVIC / REUTERS)

"La seule différence avec la guerre, c'est que moins de gens sont morts." Le ministre des Affaires étrangères bosnien n'a pas hésité à comparer les inondations qui touchent son pays avec la guerre intercommunautaire de 1992-1995, qui a fait 100 000 morts et plus de deux millions de réfugiés et de déplacés. La Serbie voisine est aussi concernée par ces intempéries, les pires depuis un siècle.

Selon les autorités des deux pays, les inondations ont fait au moins 49 morts. La Bosnie observe, mardi 20 mai, une journée de deuil. Les autorités serbes ont décrété de leur côté trois jours de deuil national.

Inondations dans les Balkans : le bilan humain s'aggrave, Belgrade toujours menacé (CLEMENT LE GOFF / FRANCE 2)

Francetv info dresse un état des lieux de la situation dans ces pays. 

Un exode massif

En Bosnie, sur le million de personnes touchées, plus de 100 000 ont été évacuées, a indiqué mardi le responsable de la protection civile. "C'est le plus grand exode depuis la fin de la guerre", a-t-il affirmé. La Bosnie compte 3,8 millions d'habitants.

En Serbie voisine, environ 600 000 personnes sur les 7,2 millions d'habitants du pays sont concernées par les inondations. Plus de 25 000 sinistrés ont été évacués.

 

Les personnes évacuées de la ville d'Obrenovac, en Serbie, ont été installées dans un gymnase de Belgrade, la capitale serbe, le 18 mai 2014. (MARKO DJURICA / REUTERS)

Des mines antipersonnel dangereuses

En raison surtout des glissements de terrain, les autorités bosniennes ont mis en garde, lundi, contre de possibles déplacements de champs de mines antipersonnel datant de la guerre. Leur nombre est estimé à 120 000 et les autorités font tout pour les surveiller en temps normal. Mais avec les inondations, elles en perdent le contrôle, ce qui fait de ces mines un danger plus grand encore.

Des habitants privés d'eau potable

Plus d'un million de personnes n'ont plus d'accès à l'eau potable en raison de ces inondations, qui ont provoqué en Bosnie plus de 2 000 glissements de terrain.

Plusieurs pays de l'Union européenne, des Balkans ainsi que la Russie ont dépêché dans les deux pays des dizaines de secouristes, ainsi que des médicaments et des vivres.

Des maisons entièrement détruites

Près de Doboj, dans le nord de la Bosnie, un journaliste a vu le hameau de Kosava sur le point de s'écrouler en raison d'un glissement de terrain. La vingtaine de maisons sont inclinées et se sont déplacées d'une trentaine de mètres. La destruction complète du village n'est qu'une question d'heures.

En Serbie, submergée par les eaux de la Save, Obrenovac, qui compte en temps normal 20 000 personnes, ressemble à une ville fantôme. Elle a été abandonnée par nombre de ses habitants. Dans certaines parties de la ville, le seul bruit audible est celui des moteurs des camionnettes de la gendarmerie se frayant un chemin dans plus d'un mètre d'eau.

Une voiture flotte dans une rue de la ville fantôme d'Obrenovac, en Serbie, le 19 mai 2014. (ANTONIO BRONIC / REUTERS)

Des voitures flottent aux côtés de conteneurs à ordures. La cour de récréation d'une école primaire ressemble à un lac. Complètement sous les eaux, le stade de football a laissé place à une piscine.

Musulmans, Serbes et Croates de Bosnie sont solidaires

Ennemis jurés durant la guerre de 1992-1995, divisés par des ambitions nationalistes depuis la fin du conflit, musulmans, Serbes et Croates de Bosnie font preuve d'une solidarité intercommunautaire sans précédent. Des musulmans sont allés aider les sinistrés dans les régions serbes. A leur tour, des musulmans sinistrés de la région de Zenica ont été accueillis dans des écoles de Zepce, une localité croate.

Ibro Begic, ancien combattant musulman de la ville voisine de Tesanj, a battu le rappel des amis et voisins pour prêter main forte aux sinistrés serbes. "Pendant la guerre, nous avons été dans les armées ennemies, mais la guerre, c'est une chose qui fait partie du passé. L'humanité est quelque chose de différent", a-t-il expliqué.

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