Cet article date de plus de treize ans.

Italie : 67 blessés dans des exactions contre des immigrés

Le calme revient à Rosarno après deux jours de violences et une "chasse à l'homme" contre des immigrés, qui ont fait 67 blessés dans cette localité de Calabre (sud de l'Italie) où des renforts de police ont été dépêchés et des centaines d'étrangers évacués.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

Signes de cet apaisement, certaines des barricades érigées par la population ont été levées, l'occupation de la mairie par des habitants a pris fin et les magasins ont ouvert dans la matinée. La nuit dernière, quelque 320 immigrés ont été transférés vers un centre d'accueil à Crotone, à 170 km de Rosarno, et l'évacuation de 300 autres est actuellement en cours. Une centaine d'étrangers ont quitté la région par leurs propres moyens.

Le dernier bilan des violences à Rosarno et dans ses environs depuis jeudi est de 67 blessés, soit 31 étrangers, 19 policiers et 17 habitants italiens de cette petite ville de 15.000 âmes. La majorité n'a subi que des contusions ou des blessures légères, mais six immigrés sont encore hospitalisés. Parmi eux, deux grièvement blessés hier soir à coups de barres de fer.

Les incidents ont débuté à Rosarno après une manifestation jeudi soir de plusieurs centaines d'ouvriers agricoles immigrés (pour la plupart employés illégalement dans la région) qui protestaient contre des tirs de fusil à air comprimé ayant visé plusieurs d'entre eux. Les manifestants ont incendié des voitures et brisé des vitrines à coups de bâton et des affrontements se sont produits avec la police. Hier, la population locale a cherché à se venger en procédant à une "chasse aux immigrés" au cours de laquelle plusieurs étrangers ont été blessés.

Dans un éditorial provocant, le journal de droite Il Giornale, propriété de la famille Berlusconi, affirme: "Mais cette fois-ci ce sont les nègres qui ont raison". Dans ses colonnes, le journal dénonce: "Les immigrés clandestins ne devraient pas entrer en Italie. Mais une fois qu'ils y sont, on ne peut pas les exploiter de manière honteuse et leur tirer dessus pendant qu'ils font les travaux que nos chômeurs dédaignent".

Selon la presse, au moins 4.000 immigrés sont employés, en général illégalement, chaque année à Rosarno pendant deux mois pour récolter clémentines et mandarines. Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et le principal syndicat italien, la Cgil, ont dénoncé leurs "conditions de vie inhumaines : cabanes insalubres, sans eau, sans hygiène" et des "salaires de misère" (25 euros par jour).

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.