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L'Ukraine, une mosaïque de minorités
Un rapport du Haut commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme a appelé, le 15 avril 2014, les autorités de Kiev à respecter les droits des minorités. Même si les Ukrainiens constituent 78 % de la population et les Russes environ 17 %, le pays est également constitué d’une mosaïque de minorités : Biélorusses, Moldaves, Bulgares, Hongrois, Roms, Polonais, Arméniens, Grecs, Allemands...
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«Il est indispensable que le gouvernement donne la priorité au respect de la diversité, à la participation de tous, y compris les minorités – dans la vie politique», a souligné la Haute commissaire, Navi Pillay, suite à la publication du rapport. Face à la situation «tendue» dans l'est de l'Ukraine, où réside une forte communauté russe, «il est important de prendre immédiatement des mesures pour rétablir la confiance entre le gouvernement et le peuple, et entre les différentes communautés. Il s’agit aussi de rassurer tout le monde en Ukraine en expliquant que leurs craintes principales seront traitées», affirme le document onusien.
Les minorités, réparties sur tout le territoire, représentent environ 5 % de la population. Le pays constitue ainsi une véritable mosaïque. De nos jours, on ne s’attendrait plus forcément à trouver une communauté allemande, constituée de quelques milliers de personnes réparties entre l’est, l’ouest et le centre du pays. Surtout après les bouleversements liés à la Seconde guerre mondiale en Europe. On ne s’attendrait pas non plus à rencontrer une minorité grecque (appelée «pontiaque» ou pontique, en référence aux colonies grecques antiques du Pont-Euxin, mer Noire) regroupant une centaine de milliers de personnes
«L'Ukraine est un pays multiethnique, avec au moins 25 communautés diverses d'une certaine importance (…). Néanmoins, (elle) demeure un pays relativement homogène au point de vue ethnolinguistique (…) puisque au moins 78 % de la population (recensement de 2001, NDLR) est d'origine ukrainienne», explique la fiche consacrée à l’Ukraine sur le site de l’université Laval (Québec).
«L’histoire mouvementée» du pays et ses «frontières changeantes» expliquent la situation et une identité particulière. Pour autant, depuis l’indépendance acquise en 1991, les droits des minorités ont été reconnus, notamment par une Déclaration sur les droits des nationalités (1991) et une loi sur les minorités (1992).
«Ce n’est pas notre combat»
«Dans l’ensemble, les relations inter-groupes sont aujourd’hui relativement harmonieuses (…), les foyers de tension sont rares», explique le site du Groupement pour le droit des minorités (GDM), branche française de Minority Rights Group International (qui établit un classement annuel sur la situation des minorités dans le monde). «Ceci (…) est largement dû à la politique de l’administration ukrainienne qui a eu la sagesse de ne pas chercher à imposer brutalement à la population le modèle d’un Etat-Nation ukrainien», poursuit la même source.
Exemple, la Transcarpatie, région d'Ukraine située aux confins de la Hongrie, de la Pologne, de la Roumanie et de la Slovaquie. Là, des Hongrois de souche sont, avec les Roumains, le groupe principal de nombreuses communautés, qui comprend aussi des Russes, des Ruthènes, des Roms et bien sûr des Ukrainiens. «Ces communautés coexistent en général sans heurts sur un territoire qui a été ballotté entre Etats pendant le XXe siècle, pour être finalement intégré en 1991 à l'Ukraine devenue indépendante», précise l’AFP.
Pendant des mois, les échos du tumulte à Kiev sont parvenus assourdis dans la région. La situation n'a changé qu'en février 2014, quand les ultranationalistes ukrainiens des groupes Pravy Sektor et Svoboda (extrême droite), très en vue sur le Maïdan (place de l'Indépendance) à Kiev, ont commencé à donner de la voix. Mais «ce qui se passe à Kiev ou en Crimée ne nous regarde pas. Ce n’est pas notre combat», explique une habitante citée par l’AFP.
«Instrumentalisation» ?
Dans le contexte passionnel de l’Ukraine, la question des minorités risque d’être «instrumentalisée», pour reprendre le titre d’un «post» de blog sur Médiapart.
«Depuis 1991, les russophones de ce pays ont constamment été traités par Kiev avec une attention et un respect exemplaires. Aucune tension interethnique ne s’est fait jour dans le pays. Pourtant, dès que l’Ukraine s’est trouvée en situation de vulnérabilité extrême, la propagande du Kremlin est entrée en action pour manipuler une opinion interne russe, guère démocrate et peu informée, pour l’amener à ‘‘pousser Poutine à agir’’», estime le Groupement pour le droit des minorités (GDM).
De leur côté, les nouvelles autorités ukrainiennes n’ont pas forcément agi avec adresse. «La rupture des équilibres internes de cette nation fragile» s’est opérée le 23 février 2014 «avec la décision absurde (…) d’abolir le statut du russe comme seconde langue officielle dans les régions de l’Est – un texte que le président par intérim a jusqu’ici refusé de signer», observe Le Monde Diplomatique (accès payant). «M. Poutine ne pouvait rêver mieux que cette ineptie pour enclencher sa manœuvre criméenne», ajoute le mensuel. A cet égard, le commentaire de l’agence russe Ria-Novosti, citant le délégué du Kremlin aux droits de l’Homme, est très significatif: «l’annulation de la loi dotant le russe du statut de langue régionale en Ukraine est une violation flagrante des droits d’une minorité ethnique»...
Les minorités, réparties sur tout le territoire, représentent environ 5 % de la population. Le pays constitue ainsi une véritable mosaïque. De nos jours, on ne s’attendrait plus forcément à trouver une communauté allemande, constituée de quelques milliers de personnes réparties entre l’est, l’ouest et le centre du pays. Surtout après les bouleversements liés à la Seconde guerre mondiale en Europe. On ne s’attendrait pas non plus à rencontrer une minorité grecque (appelée «pontiaque» ou pontique, en référence aux colonies grecques antiques du Pont-Euxin, mer Noire) regroupant une centaine de milliers de personnes
«L'Ukraine est un pays multiethnique, avec au moins 25 communautés diverses d'une certaine importance (…). Néanmoins, (elle) demeure un pays relativement homogène au point de vue ethnolinguistique (…) puisque au moins 78 % de la population (recensement de 2001, NDLR) est d'origine ukrainienne», explique la fiche consacrée à l’Ukraine sur le site de l’université Laval (Québec).
«L’histoire mouvementée» du pays et ses «frontières changeantes» expliquent la situation et une identité particulière. Pour autant, depuis l’indépendance acquise en 1991, les droits des minorités ont été reconnus, notamment par une Déclaration sur les droits des nationalités (1991) et une loi sur les minorités (1992).
«Ce n’est pas notre combat»
«Dans l’ensemble, les relations inter-groupes sont aujourd’hui relativement harmonieuses (…), les foyers de tension sont rares», explique le site du Groupement pour le droit des minorités (GDM), branche française de Minority Rights Group International (qui établit un classement annuel sur la situation des minorités dans le monde). «Ceci (…) est largement dû à la politique de l’administration ukrainienne qui a eu la sagesse de ne pas chercher à imposer brutalement à la population le modèle d’un Etat-Nation ukrainien», poursuit la même source.
Exemple, la Transcarpatie, région d'Ukraine située aux confins de la Hongrie, de la Pologne, de la Roumanie et de la Slovaquie. Là, des Hongrois de souche sont, avec les Roumains, le groupe principal de nombreuses communautés, qui comprend aussi des Russes, des Ruthènes, des Roms et bien sûr des Ukrainiens. «Ces communautés coexistent en général sans heurts sur un territoire qui a été ballotté entre Etats pendant le XXe siècle, pour être finalement intégré en 1991 à l'Ukraine devenue indépendante», précise l’AFP.
Pendant des mois, les échos du tumulte à Kiev sont parvenus assourdis dans la région. La situation n'a changé qu'en février 2014, quand les ultranationalistes ukrainiens des groupes Pravy Sektor et Svoboda (extrême droite), très en vue sur le Maïdan (place de l'Indépendance) à Kiev, ont commencé à donner de la voix. Mais «ce qui se passe à Kiev ou en Crimée ne nous regarde pas. Ce n’est pas notre combat», explique une habitante citée par l’AFP.
«Instrumentalisation» ?
Dans le contexte passionnel de l’Ukraine, la question des minorités risque d’être «instrumentalisée», pour reprendre le titre d’un «post» de blog sur Médiapart.
«Depuis 1991, les russophones de ce pays ont constamment été traités par Kiev avec une attention et un respect exemplaires. Aucune tension interethnique ne s’est fait jour dans le pays. Pourtant, dès que l’Ukraine s’est trouvée en situation de vulnérabilité extrême, la propagande du Kremlin est entrée en action pour manipuler une opinion interne russe, guère démocrate et peu informée, pour l’amener à ‘‘pousser Poutine à agir’’», estime le Groupement pour le droit des minorités (GDM).
De leur côté, les nouvelles autorités ukrainiennes n’ont pas forcément agi avec adresse. «La rupture des équilibres internes de cette nation fragile» s’est opérée le 23 février 2014 «avec la décision absurde (…) d’abolir le statut du russe comme seconde langue officielle dans les régions de l’Est – un texte que le président par intérim a jusqu’ici refusé de signer», observe Le Monde Diplomatique (accès payant). «M. Poutine ne pouvait rêver mieux que cette ineptie pour enclencher sa manœuvre criméenne», ajoute le mensuel. A cet égard, le commentaire de l’agence russe Ria-Novosti, citant le délégué du Kremlin aux droits de l’Homme, est très significatif: «l’annulation de la loi dotant le russe du statut de langue régionale en Ukraine est une violation flagrante des droits d’une minorité ethnique»...
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