Cet article date de plus d'onze ans.

La Croatie 28e membre de l'Union européenne

La Croatie est devenue ce lundi le 28e pays membre de l'Union européenne, étape qui couronne les années d'efforts de cette ex-république yougoslave pour se remettre des guerres balkaniques des années 1990.

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min

La Croatie est devenue ce lundi le 28e pays membre de l'Union européenne, étape qui couronne les années d'efforts de cette ex-république yougoslave pour se remettre des guerres balkaniques des années 1990.

Un feu d'artifice et des coups de canon ont été tirés et l'Ode à la joie de Ludwig Van Beethoven, hymne de l'UE, a retenti dans Zagreb pour marquer son accession à l'UE, vingt-deux ans après la proclamation de l'indépendance et le début des guerres en ex-Yougoslavie.

Des milliers de personnes s'étaient rassemblées dimanche soir sur la place Ban Jelacic de Zagreb pour célébrer l'événement.

Après la Slovénie en 2004, la Croatie est le deuxième Etat issu de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie à intégrer l'UE. Le chemin sera sans doute beaucoup plus long pour les quatre autres (Serbie, Bosnie, Macédoine et Monténégro).

C'est aussi la première adhésion d'un pays depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007.

"Nous ne voulons pas que l'Europe s'arrête à nos frontières, elle doit être ouverte à d'autres pays", a dit le président croate Ivo Josipovic au cours de la cérémonie à laquelle assistait notamment son homologue serbe Tomislav Nikolic, jadis défenseur de la "Grande Serbie".

Avec l'entrée de la Croatie, l'UE compte désormais 508 millions d'habitants et une 24e langue officielle, le croate.

"Cela va changer l'existence de cette nation", a déclaré le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. "Je vous souhaite de tout coeur la bienvenue", a-t-il ajouté tandis que sonnaient les cloches de la cathédrale de Zagreb.

A Bruxelles, la Croatie aura sept voix au sein du Conseil pour les votes à la majorité qualifiée, comme le Danemark, l'Irlande, la Lituanie, la Slovaquie et la Finlande (contre 29 pour l'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni, 27 pour l'Espagne et la Pologne, par exemple).

 

DIX MILLIONS DE TOURISTES

Rares sont ceux cependant, parmi les 4,4 millions d'habitants, qui accueillent l'événement avec un grand enthousiasme. Au contraire, c'est plutôt l'inquiétude qui domine. Car le pays vit sa cinquième année de récession et le chômage y touche 21% de la population active, un niveau record.

La Commission européenne a demandé à la Croatie de maîtriser ses dépenses publiques. La dette publique atteint près de 60% du PIB et le déficit budgétaire représente 4% du PIB.

La manne touristique - dix millions de touristes par an - est certes un atout pour ce pays des bords de l'Adriatique, grand comme deux fois la Belgique. Mais, estiment certains, la Croatie peine à séduire les investisseurs étrangers et l'économie est freinée par la bureaucratie, une justice inefficace, la lenteur du processus législatif et un marché du travail rigide.

La monnaie croate, la kuna, introduite en mai 1994, a son cours régi par un système de flottement contrôlé vis-à-vis de l'euro. Le pays ne devrait pas adopter la monnaie unique avant les années 2019-2020 et il n'est pas prévu non plus qu'il rejoigne l'espace Schengen avant des années: certaines capitales de l'UE demeurent préoccupées par le niveau de corruption et l'importance du crime organisé en Croatie.

Les Croates entrent dans une Union européenne profondément ébranlée par ses difficultés économiques et budgétaires, qui ont provoqué des dissensions internes et suscitent la méfiance de l'opinion publique de ses différents Etats.

"L'Europe ne tourne qu'autour du travail, le travail, le travail. Il n'y a pas de joie, pas de chaleur", regrette Agata Miletic, une mère de sept enfants croisée dimanche dans la foule. "Quand on entend que certains pays veulent quitter l'UE, qu'ils n'ont pas d'argent, cela ne rend pas optimiste", ajoute-t-elle.

"L'UE n'est pas parfaite, mais c'est la seule voie pour la Croatie", rétorque la romancière à succès Slavenka Drakulic Ilic. "Nous en avons besoin pour des raisons financières et économiques", écrivait-elle vendredi sur le site internet d'une télévision. "Et nous en avons besoin pour la paix et la stabilité. Nous appartenons à une région qui est toujours instable".

Comme en écho à ses dires, 66% des électeurs croates avaient voté "oui" au référendum sur l'adhésion à l'UE, le 22 janvier 2012.

 

SEPT ANNÉES D'IMPOPULAIRES RÉFORMES

Pour en arriver à l'adhésion à l'UE, la Croatie a traversé sept années de réformes tortueuses et souvent impopulaires, sous la houlette de Bruxelles.

Elle a livré à La Haye une quinzaine de chefs militaires et hommes politiques, tant croates que bosno-croates, inculpés de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Elle a privatisé des chantiers navals, engagé la lutte contre la corruption, allant jusqu'à emprisonner l'ancien Premier ministre Ivo Sanader. Elle a réglé ses litiges avec sa petite voisine, la Slovénie.

Et elle entre dans l'UE au moment même où les Vingt-Sept - désormais Vingt-Huit - ont décidé d'engager des négociations sur l'adhésion de son ancienne ennemie des années 1990, la Serbie.

La Macédoine, elle, est candidate à l'UE, statut que le Monténégro a obtenu lui aussi en 2010. Quant à la Bosnie et au Kosovo, ils n'ont pas encore fait acte officiellement de candidature.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.