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Brexit : face à l'incertitude sur la sortie de l'UE, les Britanniques réagissent avec leur habituel humour décalé

Médias, humoristes, politiques et citoyens discutent du Brexit avec le célèbre humour à l'anglaise. Franceinfo vous donne quelques exemples.

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Un Britannique manifeste contre le Brexit, le 12 mars 2019 à Londres. (NIKLAS HALLE'N / AFP)

Theresa May a essuyé un nouvel échec. Mardi 12 mars, une large majorité de députés britanniques a rejeté l'accord sur le Brexit que la Première ministre avait négocié avec l'Union européenne. Le texte avait déjà été massivement rejeté en janvier. Près de trois ans après le début de la procédure de retrait, entamée le 29 mars 2017, les Britanniques attendent toujours une issue aux négociations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Et ils commentent souvent, comme à leur habitude, avec humour cette (longue) attente. "Le Brexit, les Britanniques en ont vraiment marre, mais au moins, on peut en rire, c'est une sorte de catharsis", expliquait ainsi Kyle Williams, directeur artistique d'un théâtre londonien. Voici quelques exemples.

Les deux camps se donnent des petits surnoms

Deux acronymes sont très en vogue outre-Manche. Les "Bobs" sont les Britanniques qui sont las, après près de trois ans de débat sur les mêmes thèmes. Ce nom veut dire "Bored of Brexit", soit "Fatigués du Brexit".

Quant à "Brino", c'est le "BRexit In Name Only", à savoir un "Brexit qui n'en a que le nom", ou faux Brexit. L'acronyme a été inventé par les partisans d'un Brexit dur, souhaitant donc une nette rupture des liens, avec un accord commercial a minima ou pas d'accord du tout, et qui soupçonnent la Première ministre Theresa May d'en vouloir un "mou", dans lequel Londres maintiendrait une partie des liens de l'union douanière ou du marché unique.

Certains politiques préfèrent en rire

Fin février, un ancien responsable au sein du ministère britannique du Commerce a ironisé sur la situation de son pays. "Nous abandonnons un menu entrée-plat-dessert, soit la relation commerciale étroite et intense que nous avons maintenant avec l'Union européenne et ses partenaires, pour la promesse d'un paquet de chips", a déclaré Martin Donnelly sur BBC radio.

Plus récemment encore, le ministre britannique des Finances, Philip Hammond, a fait une référence ironique au Brexit. Alors qu'il annonçait des investissements pour un "super ordinateur" à l'université d'Edimbourg mercredi 13 mars, il a complété : "Cet ordinateur pourrait même trouver une solution au 'backstop'", dispositif au cœur des critiques prévu pour éviter le retour d'une frontière entre les deux Irlandes, rapporte une journaliste de la BBC. 

Les citoyens font des comparaisons originales et drôles

Pour elle, sortir de l'UE laissera le Royaume-Uni "à poil". L'économiste Victoria Bateman, de l'université de Cambridge, a adopté une méthode originale pour se faire entendre. Elle se montre complètement nue pour militer contre le Brexit, comme le raconte L'Obs.

Et elle n'est pas la seule. Les différents camps utilisent eux aussi l'humour typiquement anglais pour toucher la population. Comme le groupe pro-européen "Best for Britain", qui a diffusé une vidéo compilant des scènes de la vie quotidienne et invitant à "réveiller le rebelle qui dort en chaque Britannique", explique Le Monde.

Sur les réseaux sociaux, les internautes s'en donnent aussi à cœur joie. Cette utilisatrice de Twitter utilise ainsi le film Retour vers le futur. Dans l'image qu'elle partage, le personnage de Doc dit : "Je reviens tout juste de 2044. Ils travaillent encore sur le Brexit !"

Cet autre internaute a décidé de remplacer la Première ministre Theresa May par... un chat, capitalisant sur l'amour immodéré des Britanniques pour leurs animaux domestiques. "Dans ces temps d'incertitude au Royaume-Uni, je propose de reprendre les négociations du Brexit. C'est pas comme si ça pouvait aggraver les choses", dit le chat. Dans une publication plus ancienne, le même compte comparait les négociations du Brexit aux incertitudes que rencontre un chat avant de sauter.

Les médias expriment leur incompréhension

Les chaînes de télévision et la presse se saisissent largement du sujet. Elles n'hésitent pas à faire de l'humour autour du flou dans lequel se trouve actuellement le Royaume-Uni. "C'est la semaine pendant laquelle tout pourrait changer, ou rien. Pendant laquelle nous saurons de quoi les prochaines semaines, mois et années seront faits – ou pas. Eh oui, c'est le moment le plus crucial du Brexit. Peut-être. A quinze jours de l'échéance, on n'en a toujours aucune idée", écrit par exemple le journal The Guardian cette semaine, comme le relaye une journaliste de franceinfo.

Ce n'est pas la première fois. En novembre dernier déjà, un journaliste politique en direct sur la BBC faisait un compte rendu plus qu'inattendu de la situation. "Pour être tout à fait honnête : devant la situation actuelle, je n'ai pas la moindre idée de ce qui va se passer dans les prochaines semaines ! Est-ce que la Première ministre va trouver un accord avec l'Union européenne ? J'en sais rien ! Est-ce qu'elle va faire voter son accord par le Parlement ? J'en sais rien non plus !", déclarait-il.

Les humoristes se saisissent du sujet

Sur les scènes britanniques, le sujet est également en vogue. Dans un reportage, Arte montre que les humoristes rient largement du Brexit dans leurs spectacles. Comme Kieran Hodgson, jeune humoriste, qui rapporte sur scène une discussion avec sa mère :

- La mère : "J'ai voté pour quitter l'Europe."

- Lui : "Tu n'es qu'une crotte de bique, maman. Tu réalises que tu as complètement ruiné mon avenir, toi, cette ménopausée prématurée à l'accent provincial décérébrée !"

Les manifestations sont (complètement) décalées

Chez les Britanniques, on ne trouve pas que des pancartes lors des manifestations. En janvier dernier par exemple, les manifestants opposés au Brexit avaient mis en scène une Theresa May flottant, "tel le Titanic, sur les flots d'un Brexit qui mènera le pays au naufrage", rapportent les équipes de France 2 à Londres.

Lors d'une manifestation en janvier 2019, les anti-Brexit ont mis en scène, à Londres (Royaume-Uni), Theresa May sur le Titanic, fonçant droit vers un glacier. (FRANCE 2)

Plus récemment, dimanche 10 mars, les Britanniques ont manifesté au rythme des aboiements. Corgis, chihuahuas, huskies et boxers ont en effet participé à un rassemblement baptisé "ouaférendum", à Londres, pour réclamer un nouveau vote sur le Brexit. De quoi parler d'un sujet sérieux de manière amusante. 

Un chien participe à une manifestation anti-Brexit à Londres, le 10 mars 2019. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

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