Interdiction de pêcher en eaux britanniques : le comité régional des pêches des Hauts-de-France demande "des mesures de représailles"
À partir de vendredi, les 110 bateaux du Nord et du Pas-de-Calais ne pourront plus aller travailler dans une partie des eaux anglaises. Le Royaume-Uni interdit en effet la pêche dans trois zones en Manche pour protéger la biodiversité. "Ça c’est une mascarade, s'insurge Olivier Leprêtre, le président du comité régional des pêches des Hauts-de-France, sur France Bleu Nord jeudi 21 mars.c’est juste une façon de récupérer leurs eaux. Les Anglais ne sont pas impactés parce qu’il y a très peu de flottilles et le peu qu’il y a, ce sont des bateaux qui font le filet et le casier".
Selon lui, il s'agit d'une volonté déguisée, sous couvert d’écologie, de récupérer les eaux britanniques. "C’est quand même une volonté qui date de plus de 20 ans et encore plus particulièrement depuis que les Anglais sont sortis de l’Europe". Il constate que "les Anglais sont en train de construire des bateaux neufs à tour de bras, dans l’intention d’exploiter leurs eaux du mieux qu’ils peuvent".
"L’Europe ne nous défend pas assez"
L'interdiction d'accès à ces aires marines protégées représente une réelle perte pour l'économie de la pêche en France, estime Olivier Leprêtre qui réclame "des mesures de représailles". "Ce sont des zones où on travaille principalement en fin d’année, où on fait une grosse partie de notre chiffre d’affaires. Quand il y a le passage d’encornets d’octobre à janvier, on est dans toutes ces zones et bien évidemment que ça nous fait une grosse perte de chiffre d’affaires", regrette-t-il.
"C’est la filière qui va en prendre un coup, que ce soit les pêcheurs en première ligne et ensuite toute la filière de transformation boulonnaise."
Olivier Leprêtre président du comité régional de la pêche des Hauts-de-Franceà France Bleu Nord
Olivier Leprêtre parle de "profession sacrifiée" et redoute un "report" des bateaux dans le détroit, où pêchent déjà des bateaux français, anglais, hollandais et belges et une "surexploitation de la ressource". "On va vers l’anéantissement, on ne peut pas se le permettre."
Le pêcheur estime que l'Europe ne protège pas assez la filière. "L’Europe doit mettre en place des aires marines protégées également (...) On nous parle de souveraineté alimentaire tous les jours, on fait tout le contraire en Europe." La seule issue possible selon lui serait "de trouver des techniques un peu moins impactantes", avec "du matériel un peu moins lourd et des techniques différentes". "Côté Europe, je pense qu’on arriverait à négocier mais côté anglais je pense que ce ne sera pas négociable", prédit Olivier Leprêtre. Les pêcheurs aimeraient qu'il y ait "des mesures de représailles [vis-à-vis du Royaume-Uni]. L’Europe ne nous défend pas assez (...) Il va falloir un jour leur faire comprendre qu’ils ne respectent pas l’accord du Brexit", conclut Olivier Leprêtre.
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