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Cinq questions autour de l'envolée du franc suisse

La Suisse a décidé, jeudi, de ne plus intervenir sur les marchés pour empêcher sa monnaie de s'apprécier, provoquant un krach boursier à Zurich et l'envolée du franc suisse.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un écran montre le cours d'échange du franc suisse et de l'euro, dans un bureau de la banque suisse UBS, à Zurich (Suisse), le 15 janvier 2015. (ARND WIEGMANN / REUTERS)

C'est une tempête financière. La Suisse a décidé, jeudi 15 janvier, de ne plus intervenir sur les marchés pour empêcher sa monnaie de s'apprécier, provoquant l'envolée du franc suisse. Cette annonce de la Banque nationale suisse (BNS) a pris de court les marchés financiers et les entreprises, inquiètes pour leur compétitivité. Francetv info décrypte cette décision aux multiples conséquences.

Qu'a décidé la Banque nationale suisse ?

La BNS – en charge de la politique monétaire du pays – a annoncé, jeudi, l'abandon du taux plancher du franc suisse, fixé il y a trois ans à 1,20 franc suisse pour 1 euro. Concrètement, cette limite empêchait le cours du franc suisse de monter au-dessus de 0,83 euro. Cette mesure visait à préserver la compétitivité des entreprises nationales.

A l'annonce de la suppression de cette limite, le cours du franc est parti en flèche, s'appréciant de près de 30% par rapport à l'euro ou au dollar. A Londres, il s'échangeait à 11 heures (heure de Paris) à 0,85 franc suisse pour 1 euro, au lieu de 1,20 franc suisse pour 1 euro avant l'annonce de la BNS. 

La Banque nationale suisse a aussi indiqué que les taux négatifs appliqués aux gros dépôts en francs suisses seront alourdis, afin de décourager les spéculateurs.

Pourquoi a-t-elle pris cette décision ?

La BNS avait mis en place le taux plancher pour éviter une trop forte surévaluation du franc. Elle estime aujourd'hui que ce risque a fortement diminué. "Sa surévaluation s'est, dans l'ensemble, atténuée. L'économie a pu profiter de cette phase pour s'adapter à la nouvelle situation", explique la BNS dans son communiqué.

Selon elle, un taux plancher n'est donc plus légitime.

Quelle est la conséquence pour la Suisse ?

Les chefs d'entreprise suisse sont dubitatifs face à cette décision. Nick Hayek, directeur général de Swatch Group, numéro un mondial de l'horlogerie, a parlé d'un "tsunami pour l'ensemble de la Suisse", craignant, notamment, des répercussions pour "l'industrie d'exportation, le tourisme".

Les produits helvétiques sont, en effet, devenus d'un coup beaucoup plus chers pour les acheteurs étrangers. Ainsi, l'organisation patronale Swissmechanic redoute un coup fatal porté aux PME de l'industrie des machines, rapporte Le Temps. En effet, plus de 80% de ces sociétés exportent leur production. Au total, la mesure devrait coûter 5 milliards de francs suisses et représenter 0,7% du PIB national, selon une estimation du responsable des investissements de la banque UBS. De quoi inquiéter Nicolas Chéron, analyste financier français, qui s'est ému de la décision de la BNS sur Twitter.

Comment réagissent les marchés financiers ?

De nombreuses entreprises cotées ont, elles aussi, affiché leur inquiétude, ce qui explique le plongeon vertigineux de la Bourse suisse. A 12h30 (heure de Paris), l'indice SMI perdait 12,04%, pour s'établir à 8 093,81 points. Ce sont les valeurs du luxe – plébiscitées à l'export – qui sont les plus pénalisées : Swatch (Breguet, Longines, Tissot) ou Richemont (Cartier, Van Cleef....) subissent ainsi respectivement des baisses de 15,65% et 16,29%.

Cette décision a pris de court les marchés financiers. En effet, il y a quelques jours encore, la BNS avait répété qu'elle n'abandonnerait pas le taux plancher. "La Banque nationale suisse a choqué les investisseurs", estime Connor Campbell, analyste chez Spreadex, relevant que la réaction immédiate a été "explosive". Alors que la situation économique du pays se dégrade, la BNS promet toutefois qu'elle continuera à intervenir sur le marché des changes. Reste à savoir comment.

Quelles conséquences pour les frontaliers ?

En revanche, les dizaines de milliers de frontaliers français, italiens ou allemands qui traversent chaque jour la frontière pour travailler en Suisse, viennent de recevoir une excellente nouvelle. En un instant, leur revenu mensuel a en effet progressé de 30%. "Pourvu que ce taux de change tienne jusqu'à la fin du mois, quand je serai payée", espère une Française frontalière travaillant à Genève.

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