Luxembourg : l'euthanasie au cœur d'une crise constitutionnelle ?
Faut-il une polémique d'ampleur pour que le paisible Luxembourg, pays comptant seulement 470.000 habitants, menace d'être secoué par une crise constitutionnelle, pour la première fois depuis un siècle ?
Habituellement neutre sur les questions politiques et législatives, le grand-duc Henri (53 ans, à la tête du pays depuis 2000) a informé hier les parlementaires qu'il ne signerait pas la loi sur l'euthanasie pour "des raisons de conscience".
Le Premier ministre chrétien-social Jean-Claude Juncker a déclaré "Je comprends les problèmes de conscience du grand-duc. Avec des
nuances, j'ai les mêmes problèmes. Mais je suis d'avis que si la
Chambre des députés vote une loi, elle doit pouvoir entrer en
vigueur".
Du coup, le Premier ministre a annoncé, un peu plus tard, que le pays allait changer la Constitution - et réduire les prérogatives du grand-duc.
Monarchie protocolaire ?
Le texte dépénalise l'euthanasie sous certaines conditions, et il a été adopté en février par les députés en première lecture.
_ Grâce à une courte majorité, et malgré notamment la forte opposition, justement des chrétiens-sociaux de Juncker, qui avaient exprimé la crainte d'une "banalisation de l'acte d'euthanasie".
Afin d'entrer en vigueur, il doit normalement être adopté en deuxième lecture ce mois-ci par les députés, puis être "sanctionné" et "promulgué" dans
les trois mois par le grand-duc, chef de l'Etat.
Rappelant la décision du roi des Belges contre l'avortement en 1990, ce choix pose pour la première fois la question d'une évolution potentielle de la monarchie luxembourgeoise vers un modèle "protocolaire", comme dans les pays scandinaves.
Matteu Maestracci avec agences
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