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"Arrière-pensée électoraliste", "mise en scène", un président "dans son rôle"... L'opposition réagit à la visite d'Emmanuel Macron en Ukraine

Jusqu'ici les représentants du Rassemblement national, de la France Insoumise et de LR avaient affiché leur unité nationale au sujet du conflit. Mais le déplacement du chef de l'État à Kiev a suscité de nombreuses réactions, négatives comme positives.

Article rédigé par Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron dans les rues d'Irpin, dans la banlieue de Kiev (Ukraine), jeudi 16 mai 2022. (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine, le 24 février dernier, les adversaires d'Emmanuel Macron étaient déjà entrés dans la campagne présidentielle, avant même la date officielle, mais ils n'avaient pas attaqué le chef de l'État sur ce terrain-là. L'heure était alors à l'unité nationale et au soutien envers le peuple ukrainien. Quatre mois plus tard, dans l'entre-deux tours des élections législatives, ce n'est plus du tout la même musique.

>> Guerre en Ukraine : suivez le déplacement d'Emmanuel Macron en direct

Marine Le Pen donne le ton, jeudi 16 mai, sur France Inter, évoquant à demi-mot, un déplacement en forme de récupération électorale : "Je note qu'Emmanuel Macron ne fait jamais rien ou ne dit jamais rien sans avoir une arrière-pensée électoraliste. Emmanuel Macron se sert de cette posture, en quelque sorte de chef de guerre, pour tenter d'avoir une influence sur les électeurs."

Depuis deux jours, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron surjouent leur opposition, dans cette dernière ligne droite. Le chef de l'État a visé directement l'insoumis, sans toutefois le nommer, lors d'une conférence de presse, mardi. Devant l'avion présidentielle, avant de partir pour sa tournée diplomatique, le président avait évoqué le second tour des élections législatives : "Parce qu'il en va de l'intérêt supérieur de la Nation, je veux aujourd'hui vous convaincre de donner dimanche une majorité solide au pays"

Mais le chef de file de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes), invité de France Bleu jeudi midi, a refusé de polémiquer : "Je commence d'abord par m'associer à son message de solidarité avec l'Ukraine. Après, on peut évidemment s'interroger sur le sens de ce voyage. Mais comme il est à l'étranger, sur une zone de guerre, je propose qu'on évite trop les polémiques. Ce n'est peut-être pas tout à fait le moment. Quand il reviendra, il nous expliquera."

Une façon pour l'ancien candidat à la présidentielle de mettre tout de même le doute sur les réelles intentions du chef de l'État dans ce déplacement hautement symbolique.

Les Républicains divisés

À droite, les réactions sont assez partagées. "Je suis toujours prudent sur ces mises en scène", a déclaré  jeudi matin Christian Jacob sur Europe 1. "La diplomatie, ça ne se fait pas devant les écrans de télé, c'est un peu caricatural. Jacques Chirac ne l'aurait jamais fait", a ajouté le chef des Républicains. Jean-François Copé, ancien président du mouvement, va lui, plus loin dans son expression : "Mais qu'est-ce que c'est que cette stratégie d'évitement, alors qu'aujourd'hui son sujet numéro un est de savoir s'il a une majorité pour gouverner le pays? Mais c'est une folie", a-t-il lancé sur RTL.

Une ligne critique qui ne fait pas l'unanimité à droite où on respecte l'action diplomatique du président et son domaine réservé comme le vice-président LR Gilles Platret sur LCI : "Le président est dans son rôle pour le coup. S'il m'arrive d'être sévère avec sa politique intérieure, je pense que sur le plan international, il représente quelque part ce que nous souhaitons."

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