C'est quoi la Transnistrie, cette République de Moldavie qui demande la "protection" de la Russie ?

Ce territoire entre Moldavie et Ukraine s'est autoproclamé indépendant en 1991, mais n'a jamais été reconnu. Il s'estime aujourd'hui sous la "pression accrue" de la Moldavie et demande l'aide de la Russie.
Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'Assemblée de Transnistrie à Tiraspol, le 28 février 2024. (AFP)

Est-ce que la guerre en Ukraine va s'exporter jusqu'en Moldavie ? Les séparatistes de Transnistrie, une région séparatiste prorusse de Moldavie, demandent mercredi 28 février la "protection" de la Russie. Les députés de Transnistrie ont réclamé au Parlement russe de "mettre en œuvre des mesures pour protéger" ce petit territoire où vivent "plus de 220 000 citoyens russes" face à une "pression accrue de la part de la Moldavie". Ce qui rappelle ce qu'il s'était passé il y a deux ans dans le Donbass, dans l'Est ukrainien. 

La Transnistrie est une petite bande de territoire d'environ 200 kilomètres de long pour à peine 20 kilomètres de large, sur la rive gauche du Dniestr, où vivent un peu plus de 465 000 personnes. Elle se situe à la frontière entre la Moldavie et l'Ukraine, pas très loin du port d'Odessa qui donne sur la mer Noire. Cette région de Moldavie connaît des tensions depuis plus de trente ans, depuis qu'elle a fait sécession en 1992.

Une sécession, puis une guerre civile

A l'époque, l'URSS est en train de disparaître et plusieurs anciens pays du bloc soviétique se rapprochent de l'Occident. La Moldavie déclare ainsi son indépendance en août 1991 et quitte l'URSS. La Transnistrie, ou République moldave du Dniestr, déclare alors à son tour de manière unilatérale son indépendance en décembre 1991 pour pouvoir rester dans le giron de Moscou. La sécession provoque une guerre dans l'Est du pays, dite guerre du Dniestr. Le conflit fait plusieurs centaines de morts et il se termine en juillet 1992 après l'intervention de l'armée russe. Encore aujourd'hui, près de 1 500 soldats russes stationnent dans la région, officiellement pour une mission de maintien de la paix.

Cette sécession avec la Moldavie n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, y compris par la Russie. Aujourd'hui, la République a sa propre capitale, Tiraspol, son gouvernement, son armée et sa monnaie, le rouble de Transnistrie. Mais elle n'est pas un Etat en droit international, et reste de jure une région autonome située dans les frontières internationalement reconnues de la Moldavie. Et ce même si la Moldavie n'a plus autorité sur ce territoire.

Une demande de rattachement à la Russie

Au-delà de la présence de soldats russes, la Transnistrie est restée très proche de Moscou. D'abord par la langue, puisque la majorité de ses habitants parlent russe et utilisent l'alphabet cyrillique, ce qui n'est pas le cas des habitants de la Moldavie, roumanophones. La région profite également du gaz russe, livré gratuitement. En 2006, les autorités locales prorusses de Transnistrie ont même organisé un référendum pour ou contre le rattachement de la région à la Russie. 97% des habitants se sont prononcés pour, mais le résultat n'a pas été reconnu par la communauté internationale. 

La guerre en Ukraine, depuis deux ans, a accentué les tensions. D'un côté, l'Ukraine craint que la Russie profite de sa présence militaire dans la région pour ouvrir un nouveau front en Ukraine, au sud-ouest. Et de l'autre, les autorités prorusses de Transnistrie disent se sentir menacées par Kiev et c'est pour cela qu'elles demandent une protection à Moscou. Cette rhétorique est très proche de celle des séparatistes prorusses du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. C'est lorsqu'ils avaient demandé une intervention de la Russie que la guerre avait éclaté.

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