Crise en Ukraine : "À cause de la guerre, tout a été détruit", raconte un pêcheur de la région de Marioupol
À Prymorske, petit village de pêcheurs de la région de Marioupol (Ukraine), les tensions entre Kiev et Moscou se font sentir. Elles ravivent les souvenirs douloureux de la guerre du Donbass, en 2014.
Pour rejoindre cette plage de la mer d'Azov (Ukraine) et les cabanes de pêcheurs, il faut passer un checkpoint, zigzaguer entre les blocs de bétons posés sur la route et longer des champs de mines. La ligne de front est à quelques kilomètres et les militaires tiennent le secteur. Ils contrôlent les papiers. Mykola Vasilovitch, 71 ans, nous attend de l'autre côté, à Prymorske. Le pêcheur à la retraite subit de plein fouet les tensions avec la Russie.
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Alors que Moscou met la pression sur Kiev avec des dizaines de milliers de soldats déployés et que le conflit dans le Donbass a connu une nouvelle flambée de violence, Mykola Vasilovitch tient fermement sa canne. Les yeux clairs et le visage marqué, il vit dans ce village de pêcheur situé au sud du Donbass, dans la région de Marioupol. En 2014, il a tout perdu : les bombardements ont balayé la vie qu'il avait construite. "J'avais deux usines de conserve, deux usines de construction de bateaux et je faisais de l'élevage d'esturgeons. À cause de la guerre, tout a été détruit", raconte-t-il, parlant fort, habitué à se faire entendre malgré le vent. "Tout ça, c'est mauvais pour mon cœur", affirme-t-il, plaçant la main dessus. "J'ai dû être opéré."
Le travail est devenu beaucoup plus difficile avec les tensions russo-ukrainiennes, selon lui. "On avait un passage de 20 kilomètres. On pouvait aller là-bas pour pêcher car, à cet endroit, il y avait de la profondeur", se souvient-il. "Maintenant, les russes ont mis leurs bateaux : pas les grands navires mais des bateaux militaires. Alors que la mer est un bien commun !" Conséquence : "Les jeunes ne veulent plus faire ce métier, c'est trop dur, assure-t-il. Il partent loin pour une vie meilleure."
Les bombardements et les tirs continus dans la région l'inquiètent. "On les entend tout le temps." Il est pourtant régulièrement informé de la situation côté russe. "Je parle avec ceux qui sont sur place, de l'autre côté de la frontière. Je connais beaucoup de gens là-bas qui travaillaient pour moi avant. Ils me connaissent et on communique tous les jours. Ils me disent discrètement ce qui se prépare." D'après lui, des mercenaires et des instructeurs russes sont positionnés. "Je ne veux pas la guerre", demande-t-il en retenant ses larmes et en s'accrochant à sa canne. "Qu'est-ce que Poutine a dans la tête ? Personne ne le sait !"
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