Guerre en Ukraine : à Lviv, habitants et réfugiés traumatisés par la peur des bombardements
Plus de 200 000 Ukrainiens ont trouvé refuge depuis le début de la guerre à Lviv, dans l'ouest du pays. Mais ces derniers jours, la peur est montée d'un cran.
Vendredi 18 mars, une frappe a visé la zone de l’aéroport, situé à une vingtaine de minutes du centre-ville de Lviv. Les habitants de la ville comme les Ukrainiens venus de l'est du pays s'y réfugier ont le sentiment qu'ils ne sont plus à l'abri.
Depuis le début de la guerre, Olga essaie de garder une vie normale, mais la trentenaire n'arrive plus à profiter de ses promenades quotidiennes dans les rues du vieux Lviv. "Depuis trois semaines, nous vivons dans une tension permanente. Quand tu te promènes dans les rues de Lviv, tu ne sens pas qu'il y a la guerre. De l'extérieur, ça ne se voit pas alors que la peur ne nous quitte pas, explique-t-elle. Les sirènes d'alerte retentissent toutes les nuits et même quand ça s'arrête, je n'arrive pas à m'apaiser, à me rendormir."
"J'ai des crises d'angoisse, de panique. J'ai peur pour mon enfant, pour ma ville, pour tout le pays."
Olga, habitante de Lvivà franceinfo
Si Romana ne dort pas la nuit, c'est parce que cette grand-mère apaise les peurs et les pleurs de son petit-fils, venu avec sa mère de Kharkiv, qu'ils ont fuie sous les bombes. "Il n'arrête pas de crier 'Mamie, ne me laisse pas !' Il se réveille la nuit, en pleurs. Il répète 'On va me tuer, on va me tuer'. Je réponds 'Non, personne ne va te tuer ici'." Même crainte pour Ela, 9 ans. Quand elle doit descendre dans les sous-sols de son immeuble en périphérie de Lviv, elle prend ses peluches avec elle. "J'ai peur parce que ça peut frapper ici. Mais ça va pour l'instant. La Russie nous fait la guerre, c'est mal !", dit la fillette.
Fatigue physique et psychique
La nuit, elle dort à poings fermés, contrairement aux femmes et aux grands-mères, réfugiées ou non, que Yarena Andrushko, psychologue, reçoit gratuitement toute la journée. Beaucoup, dit-elle, souffrent d'une grande fatigue physique et psychique. "On peut dire que le pays est en guerre depuis huit ans et cette aide psychologique est une nécessité permanente. Elle s'exprimera encore longtemps après la guerre. Après, tout le monde n'aura pas vécu les mêmes choses, entre ceux qui ont vu des horreurs et ceux qui sont restés dans des zones calmes. Donc, il faut aussi relativiser. Mais ce traumatisme remonte à loin, trouve ses racines dans l'histoire du pays."
"Depuis huit ans, les Ukrainiens avaient tendance à taire leurs émotions. Mais cette nouvelle guerre rouvre des plaies qui recommencent à saigner."
Yarena Andrushko, psychologue à Lvivà franceinfo
Dans tout le pays, des psychologues professionnels ou volontaires se mobilisent pour aider les Ukrainiens à guérir ces blessures.
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