Guerre en Ukraine : avec la Transnistrie, la Russie tente-t-elle d'ouvrir un deuxième front à l'ouest de Kiev ?
Comme un air de déjà-vu. Les autorités de la Transnistrie, une région séparatiste prorusse de Moldavie, ont demandé mercredi 28 février à la Russie des "mesures de protection" face à la "pression accrue" qu'exerce, selon elles, la Moldavie, sur fond de tensions exacerbées par le conflit en Ukraine voisine.
Les dirigeants prorusses de cette république autoproclamée, reconnue par personne, pas même la Russie, affirment "tout d'abord demander un soutien diplomatique" à Moscou. Dans son discours, le président séparatiste Vadim Krasnosselski, cité par les médias locaux, a assuré que ce territoire subissait "une politique de génocide", via des pressions économiques, "physiques", juridiques et linguistiques. C'est la première fois qu'un tel congrès avait lieu depuis 2006, quand les députés séparatistes avaient décidé d'organiser un référendum sur une intégration de la Transnistrie à la Russie. Se pose alors une question : la Russie est-elle en train de tenter d'ouvrir un deuxième front à l'ouest de l'Ukraine ?
Le scénario ressemble bien à celui d'il y a deux ans, quand les républiques séparatistes du Donbass avaient, dans une chorégraphie orchestrée par le Kremlin, demandé à la Russie de les placer sous sa protection. Quelques jours plus tard, Moscou reconnaissait les républiques de Lougansk et Donetsk, avant que ses troupes n'entrent en Ukraine trois jours après. Mercredi 28 février, le ministère russe des Affaires étrangères a, cette fois encore, immédiatement accusé réception de la demande du parlement de Transnistrie, en affirmant qu'elle allait l'examiner avec attention.
Maintenir la pression
Pour autant, l'ouverture d'un second front en Ukraine semble peu probable : la ligne de front est à plus de 300km de ce territoire qui comptant officiellement 465 000 habitants majoritairement russophones et les 1500 militaires russes installés dans la république sécessionniste semblent insuffisamment équipés pour lancer une véritable offensive.
La Transnistrie permet néanmoins à Moscou de créer un nouveau point de tension en Ukraine, mais aussi de maintenir la pression sur la Moldavie, alors que cet ancien pays du bloc soviétique frappe à la porte de l'Union européenne. Le genre de stratégie qu'affectionne particulièrement le Kremlin. Chisinau et l'Union européenne reprochent en effet régulièrement à la Russie de chercher à déstabiliser la Moldavie. En décembre 2023, l'UE a décidé d'ouvrir des négociations d'adhésion à la fois avec la Moldavie et l'Ukraine.
A Washington, le porte-parole du Département d'Etat Matthew Miller a réagi en affirmant que "les Etats-Unis soutiennent fermement la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Moldavie à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues". Premier pays européen à réagir officiellement, la Pologne, par la voix de son Premier ministre Donald Tusk, a jugé "dangereuses" les tensions dans la région. Enfin, à Kiev, la diplomatie ukrainienne a mis en garde contre toute "interférence extérieure destructrice" en Transnistrie.
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