Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de l'attaque russe qui a visé le réseau énergétique durant la nuit de Noël

Plus de 70 missiles et 100 drones explosifs ont été lancés par la Russie vers l'Ukraine dans la nuit du 24 au 25 décembre, ainsi qu'au petit matin, selon Kiev. "Aujourd'hui [Vladimir] Poutine a consciemment choisi Noël pour son attaque. Qu'est-ce qui peut être plus inhumain ?" a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sur Telegram. "Plus de 50 missiles" et une partie des drones ont pu être abattus, a-t-il ajouté.

L'armée de l'air ukrainienne a quant à elle fait état du lancement de missiles de croisière russes Kalibr depuis la mer Noire en direction du territoire. Voici ce que l'on sait de cette attaque massive.

Un mort et plusieurs blessés

Une alerte aérienne était en vigueur sur tout le territoire ukrainien mercredi matin, alors que l'armée de l'air fait état de lancements de missiles de croisière russe Kalibr depuis la mer Noire. "Une personne a été tuée à la suite de l'attaque de missiles contre des sites énergétiques", a annoncé le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk, Serguiï Lyssak. Des explosions ont notamment retenti dans la capitale, Dnipro, et à Kryvyï Rig, ville natale du président ukrainien.

Toujours dans l'est du pays, les autorités de la région de Kharkiv ont recensé au moins six blessés dans des frappes russes. "Kharkiv est visée par une attaque massive de missiles", a prévenu tôt mercredi matin le maire de la deuxième plus grande ville du pays, Igor Terekhov, sur le réseau social Telegram. "Des missiles balistiques se dirigent toujours vers la ville. Restez à l'abri", a-t-il continué, tandis que le gouverneur de la région, Oleg Synegoubov a confirmé sur Telegram que "l'armée russe a effectué au moins sept frappes". Les deux responsables ont également mentionné des dégâts matériels. 

A Kiev, les Ukrainiens informés par les systèmes d'alerte se sont mis à l'abri, notamment dans le métro de la capitale, rapporte la BBC, citant l'agence Reuters. "Evidemment, j'aimerais être chez nous et fêter Noël, mais nous avons dû nous réfugier ici, c'était trop effrayant d'être à la maison", témoigne, Nataliia, une mère de famille de 37 ans.

Quelques heures plus tard, la Russie a fait état d'une attaque ukrainienne contre une ville de la région russe frontalière de Koursk, où Kiev mène une offensive depuis août. Selon le gouvernement local, quatre personnes sont mortes et plusieurs ont été blessées.

Le réseau électrique visé dans tout le pays 

La compagnie nationale d'électricité, Ukrenergo, a annoncé des restrictions d'approvisionnement. Le groupe DTEK, principal fournisseur privé d'énergie du pays, a déclaré dans la matinée que ses centrales thermiques avaient été visées, signalant de "graves dommages" pour leur équipement. "C'est déjà la 13e attaque massive contre le système énergétique ukrainien cette année", a précisé le groupe dans un communiqué.

"Le gestionnaire du réseau de transport prend les mesures nécessaires pour limiter la consommation afin de minimiser les conséquences négatives pour le système énergétique", a expliqué le ministre ukrainien de l'Energie, German Galouchtchenko, sur Telegram. "Dès que les conditions de sécurité le permettront, les travailleurs du secteur de l'énergie tireront au clair les dommages causés", a-t-il ajouté.

"Des coupures électriques ont été annoncées sur l'ensemble du territoire", a confirmé à franceinfo la journaliste ukrainienne Tetyana Ogerkova, du Crisis media center, depuis Kiev. L'électricité a ainsi été coupée pendant "1h30 chez nous et jusqu’à 3 h dans la région de Kharkiv", a-t-elle détaillé, citant les autorités locales. L'administration régionale d'Ivano-Frankivsk, dans l'ouest du pays, à des centaines de kilomètres de la ligne de front, a, lui, déclaré qu'une partie de ce territoire était privée d'électricité.

Kiev affirme qu'un missile a traversé l'espace aérien roumain et moldave

Lors de ces attaques, un missile russe visant l'Ukraine a traversé l'espace aérien moldave et roumain, a affirmé le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Sybiga. Si ce dernier a déclaré sur le réseau social X que cela "rappelle que la Russie ne menace pas seulement l'Ukraine", les autorités roumaines et moldaves n'ont pas confirmé ces affirmations.

"Le système de surveillance aérien, partie intégrante du système de l'Otan, n'a pas détecté une telle situation", selon un communiqué du ministère de la Défense roumain. Côté moldave, la police des frontières a repéré un missile russe mais "il n'a pas survolé l'espace aérien moldave", d'après les informations dont dispose l'armée à ce stade, rapporte l'AFP.

Une date qui n'est pas choisie au hasard 

Ces attaques surviennent alors que l'Ukraine célèbre Noël comme les Occidentaux, le 25 décembre, pour la deuxième année consécutive, et non plus le 7 janvier, comme dans le calendrier julien suivi par l'Eglise orthodoxe russe. Ce déplacement du jour de Noël avait été officialisé durant l'été 2023 par une loi promulguée par le président Volodymyr Zelensky en signe de défi envers la Russie.

Moscou a fait un choix "symbolique", "pour semer la terreur", a réagi Tetyana Ogerkova au micro de franceinfo. "Priver de lumière et de chaleur des millions de personnes pacifiques qui célèbrent Noël est un acte dépravé et maléfique auquel il faut répondre", a lancé sur X le PDG de DTEK, Maxime Timtchenko, en appelant les alliés de Kiev à fournir davantage de moyens de défense aérienne à l'Ukraine. 

De récentes menaces russes

Dimanche, le président russe Vladimir Poutine avait promis encore plus de "destructions" à l'Ukraine, après une attaque de drones contre des bâtiments résidentiels de la ville de Kazan, à un millier de kilomètres de la frontière ukrainienne. L'offensive n'avait pas fait de victimes.

Mercredi matin, le ministère russe de la Défense a cette fois annoncé de son côté avoir intercepté 59 drones ukrainiens au-dessus du territoire russe durant la nuit précédente, dont 26 dans la région de Belgorod et 23 dans celle de Voronej. Le gouverneur de Voronej, Aleksandr Gousev, a écrit sur Telegram que des débris provenant des drones abattus avaient endommagé une ligne électrique et provoqué de légers dégâts matériels sur plusieurs maisons.