Guerre en Ukraine : ce que l'on sait des frappes russes massives qui ont visé des infrastructures énergétiques dans tout le pays lundi

Au moins quatre personnes sont mortes et des dizaines d'autres ont été blessées, selon les autorités ukrainiennes. Des coupures d'électricité d'urgence ont dû être mises en place.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une maison endommagée par une frappe russe dans la région de Zaporijjia (Ukraine), le 26 août 2024. (KATERYNA KLOCHKO / EPA-EFE / MAXPPP)

C'est "l'une des plus importantes attaques" de la Russie depuis 2022, a commenté Volodymyr Zelensky. Quinze régions d'Ukraine ont été touchées, au matin du lundi 26 août, par des frappes russes "massives" . Les forces russes ont utilisé "plus de 100 missiles" et une centaine de drones suicide, selon le décompte avancé par le président ukrainien. Cette nouvelle salve meurtrière de projectiles a "visé" les infrastructures électriques du pays, rapporte le ministre de l'Energie ukrainien, dans la continuité d'une stratégie mise en œuvre par la Russie depuis des mois. Voici ce que l'on sait de cette nouvelle opération.

Au moins quatre morts et des "dizaines de blessés"

"Un homme de 69 ans" est mort dans la région de Dnipropetrovsk, dans le sud-est de l'Ukraine, selon le bilan provisoire de l'administration régionale sur Telegram – elle précise que les districts de Dnipro et de Kryvyï Rïh ont été touchés. Plus au Sud, "les Russes ont tué un civil dans le district de Zaporijjia", "près d'une maison privée", a rapporté l'administrateur militaire de cette région, sur le même réseau social.

A Loutsk, dans le nord-ouest du pays, une personne est morte dans une frappe contre une "infrastructure", rapporte sur Telegram le maire de cette ville qui abrite une importante base aérienne. Les bombardements y ont aussi fait cinq blessés. A Jytomyr, à l'ouest de Kiev, les frappes ont touché des bâtiments résidentiels et des "infrastructures critiques", tuant une femme, a annoncé le chef de l'administration militaire régionale sur la messagerie en ligne.

Enfin, une autre personne a été tuée lundi matin par un projectile russe dans la région de Kharkiv, d'après les responsables locaux. Mais on ignore à ce stade si cette mort est liée à cette vague de bombardements sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes.

Par ailleurs, Volodymyr Zelensky a évoqué des "dizaines de blessés" à travers le pays. Dans la région centrale de Poltava, une attaque contre une installation industrielle a blessé cinq personnes, selon le gouverneur. A Odessa, plus au sud, sept personnes ont été blessées, dont deux enfants, relate l'administration locale sur Telegram. Les autorités de Kiev évoquent quant à elles trois blessés.

Des coupures d'électricité et d'eau dans plusieurs zones 

A la suite de cette attaque, le ministre de l'Energie ukrainien a reconnu sur Facebook que la situation énergétique était "complexe". Les frappes ont fait "beaucoup de dégâts" sur le réseau, a confirmé Volodymyr Zelensky. "Partout où il y a une panne de courant, des travaux de restauration sont déjà en cours", a-t-il toutefois assuré dans un message vidéo diffusé sur Telegram à la mi-journée.

Le gestionnaire du réseau Ukrenergo a ordonné la mise en place de coupures de courant d'urgence pour stabiliser le réseau, fait savoir le fournisseur privé DTEK sur Telegram. Des mesures qui ont brièvement immobilisé les trains dans le pays.

Des pannes de courant ont touché "plusieurs quartiers" de Kiev, a annoncé le maire de la ville, Vitali Klitschko, sur Telegram. En raison de ces pannes, "l'approvisionnement en eau" a été interrompu sur "la rive droite de la capitale", avant d'être rétabli dans la matinée. La ville de Jytomyr a connu la même situation, là encore  "à la suite de la panne d'électricité dans la ville", a expliqué le gestionnaire du réseau d'eau local sur Telegram.

La Russie a par ailleurs pris pour cible des sites de production énergétique dans la région de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, provoquant des pannes partielles, a relaté le gouverneur régional. "En conséquence, il y a des coupures de courant partielles dans Lviv et dans la région", a déclaré Maksym Kozytsky sur Telegram. Des pannes de courant ont également été signalées à Odessa.

"Toutes les cibles" atteintes selon la Russie

La Russie a reconnu avoir conduit une attaque d'ampleur sur l'Ukraine. "Les forces armées russes ont mené une frappe massive avec des armes longue portée de haute précision lancées depuis les airs et la mer et avec des drones contre des infrastructures énergétiques importantes permettant le fonctionnement du complexe militaro-industriel de l'Ukraine", a affirmé le ministère de la Défense russe, ajoutant que "toutes les cibles ont été atteintes".

Ces attaques surviennent alors que l'Ukraine mène depuis début août une vaste offensive transfrontalière dans la région russe de Koursk, où, dit-elle, ses troupes continuent de progresser. Dimanche soir, le président ukrainien a revendiqué de nouvelles "avancées" dans la région et la prise de deux villages.

Un "appareil volant" détecté au-dessus de la Pologne

L'armée polonaise a annoncé qu'un "appareil volant", probablement un drone, était entré lundi matin dans l'espace aérien de la Pologne, pays membre de l'Otan, avant de disparaitre des radars. Sa présence "a été confirmée par au moins trois stations de radiolocalisation", a déclaré le commandant en chef des forces opérationnelles polonaises, ajoutant que l'engin en question était toujours recherché. 

"Ses caractéristiques montrent qu'il ne s'agit pas d'un missile hypersonique, balistique ou guidé", mais "probablement d'un objet de type appareil volant sans pilote", a-t-il précisé aux journalistes. Selon le porte-parole du commandement polonais, "il pourrait s'agir, avec une grande probabilité, d'un drone du type Shahed" de conception iranienne, un modèle utilisé par l'armée russe. "Mais cela reste à vérifier", a-t-il souligné, interrogé par l'AFP, ajoutant qu'il était possible que le drone ait quitté le territoire de la Pologne.

De nouvelles demandes aux alliés européens de l'Ukraine

Après cette nouvelle attaque, le président ukrainien a demandé l'aide des armées de l'air de ses voisins européens. "Dans les différentes régions de l'Ukraine, nous pourrions faire beaucoup plus pour protéger des vies si l'aviation de nos voisins européens travaillait ensemble avec nos [avions de chasse] F-16 et avec nos défenses anti-aériennes", a affirmé Volodymyr Zelensky. 

L'Ukraine a déjà pressé ses alliés européens d'établir une zone d'exclusion aérienne dans l'ouest de son territoire via des systèmes de défense déployés en Pologne et en Roumanie voisines, pour créer un sanctuaire dans lequel industries, infrastructures énergétiques et populations civiles seraient protégés.

"L'Amérique, la Grande-Bretagne, la France et d'autres partenaires ont la force pour nous aider à arrêter la terreur. Nous avons besoin de solutions", a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat ukrainien n'a de cesse, depuis plusieurs mois, de demander des systèmes supplémentaires de protection du ciel à ses partenaires occidentaux, mais ceux-ci n'arrivent qu'au compte-goutte.

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