Guerre en Ukraine : ces femmes de soldats russes mobilisés manifestent devant le Kremlin pour leur retour au pays

A Moscou, tous les week-ends depuis quelques semaines, ces membres du mouvement "Le chemin de la maison" défient les autorités, sans jamais franchir les lignes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des femmes de soldats mobilisés déposent des fleurs au pied du Kremlin à Moscou. Elles réclament le retour de leurs conjoints partis sur le front ukrainien depuis plus d'un an. (SYLVAIN TRONCHET / RADIO FRANCE)

C'est une forme de contestation extrêmement rare en Russie. Malgré la répression, malgré les peines de prison toujours plus lourdes qui s'abattent sur les opposants et ceux qui osent contester la politique du Kremlin, des femmes de soldats russes mobilisés, partis sur le front ukrainien depuis plus d'un an, osent sortir dans la rue pour réclamer publiquement leur retour.

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Ce week-end, comme depuis plusieurs semaines, elles étaient une quinzaine à venir déposer des roses sur la tombe du soldat inconnu, au pied des murs du Kremlin. Parmi elles, Ksenia, dont le mari fête pour la deuxième fois son anniversaire sur le front : "Je suis ici pour la deuxième fois, j'ai surmonté ma peur. Nous voulons montrer que nous existons, nous, les femmes des mobilisés. Personne ne fait attention à nous... Nous voulons que nos hommes mobilisés nous soient renvoyés conformément à ce qu'avait dit le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, qui a déclaré que les hommes mobilisés seraient remplacés par des soldats professionnels. Mon mari est très fatigué, il a 28 ans aujourd'hui et veut vraiment revenir à la vie civile", détaille-t-elle.

Des femmes de soldats mobilisés marchant vers le Kremlin pour déposer des fleurs sur la tombe du soldat inconnu. Elles demandent le retour de leurs conjoints. (SYLVAIN TRONCHET / RADIO FRANCE)

Les femmes du mouvement Pout Domoï, le "chemin de la maison", prennent font bien attention à ne pas dire qu'elles sont opposées à l'opération spéciale, ce qui pourraient les conduire en prison. Elles disent juste que leurs hommes mobilisés devraient être remplacés par d'autres, ce qui, dans la Russie de 2024, est déjà un acte rarissime de contestation.

Le Kremlin laisse faire

Une action sous haute surveillance : le secteur grouille d'agents des forces de sécurité en civil. Mais aussi de militants pro-pouvoir. Cette femme vient interpeller les femmes de soldats : "Vous divisez la société alors que nos soldats donnent leur vie", leur lance-t-elle. Les femmes de soldats s'éloignent, elles sont habituées.

Maria Andreeva, l'une des leaders du mouvement a déjà reçu la visite des forces de sécurité. "Ils sont venus me voir le 19 janvier. Ils voulaient que notre action soit annulée. Je leur ai dit qu'elle aura lieu et c'est tout. Ils ne m'ont pas vraiment fait peur", explique-t-elle. 

"Ce qui me ferait vraiment peur, ce serait de me retrouver seule avec ma conscience et de me rendre compte que je n'ai pas fait ce que j'aurais dû faire."

Maria Andreeva

à franceinfo

En pleine campagne présidentielle ce mouvement qui reçoit un certain écho sur les réseaux sociaux embarrasse le pouvoir. Le Kremlin laisse faire. Pour l'instant.

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