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Guerre en Ukraine : comment la Russie pourrait-elle contourner l'embargo sur son pétrole ?

Décidé au printemps 2022, un embargo de l'Union européenne sur les exportations par voie maritime de l'or russe entre en vigueur le 5 décembre. Mais il pourrait se révéler peu efficace.
Article rédigé par Bertrand Gallicher, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un pétrolier russe attend pour décharger sa cargaison dans le golfe du Mexique (Etats-Unis), le 03 juillet 2002. (POOL / BLOOMBERG NEWS / AFP)

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a livré pour 67 milliards d'euros de pétrole à l'Union européenne, soit 7 milliards de plus que le budget militaire russe en 2022. Un embargo européen sur les exportations par voie maritime du deuxième exportateur mondial de brut entre en vigueur lundi 5 décembre. Une mesure décidée par les 27 au printemps, portant sur les deux-tiers des achats européens d'or noir à la Russie. 

>> Guerre en Ukraine : on vous explique pourquoi le plafonnement du prix du pétrole russe fait débat

Cette mesure va contraindre les Européens à se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement, comme en Afrique et en Asie, au risque d'augmenter les prix. D'ailleurs, le plafonnement du prix du pétrole russe décidé par les pays occidentaux n'aura pas d'impact sur l'offensive de Moscou en Ukraine, a assuré le Kremlin, mettant en garde contre une "déstabilisation" du marché mondial de l'énergie. L'économie russe "a toutes les capacités nécessaires" pour financer l'offensive militaire, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "De telles mesures n'auront pas d'impact", a-t-il ajouté, en référence au plafonnement du prix du pétrole russe adopté par l'Union européenne, les pays du G7 et l'Australie pour frapper Moscou au portefeuille. 

Cacher l'origine ou faire des détours

Pourtant, cet embargo est censé freiner les capacités de financement par Moscou de la guerre en Ukraine. Le mécanisme adopté prévoit donc que seul le pétrole vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril pourra continuer à être livré, et qu'au-delà, il sera interdit pour les entreprises basées dans les pays de l'UE, du G7 et en Australie de fournir les services permettant le transport maritime (négoce, fret, assurance, armateurs, etc.).

Un défi pour le deuxième exportateur mondial de brut ? "Les Russes peuvent toujours trouver des solutions, estime Phuc-Vinh Nguyen, expert en questions énergétiques à l'Institut Jacques Delors, soit en tentant de maquiller les cargaisons en les mélangeant avec d'autres types de pétrole pour cacher son origine, soit avec une flotte qui ferait divers détours en passant par l'Asie puis l'Europe. C'est très difficile à contrôler, c'est assez opaque."

Ces méthodes seraient déjà utilisées par d'autres pays visés par un embargo pétrolier, comme l'Iran ou le Venezuela. Le pétrole peut aussi être transféré d'un navire à un autre dans des secteurs maritimes moins surveillés, permettant de blanchir les cargaisons par la falsification de documents. Chaque Etat de l'UE et du G7 devra donc surveiller les entreprises basées sur son territoire. Et si un navire battant le pavillon d'un pays tiers est identifié comme transportant du pétrole russe à un prix excédent le plafond, il sera interdit aux opérateurs occidentaux de l'assurer et de le financer pendant 90 jours.

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