Guerre en Ukraine : il faudra gérer "les troubles qui vont émerger à la sortie de cette expérience traumatique" pour les civils, estime un psychiatre
Selon Patrick Alécian, il faut que l'Europe se prépare non seulement à accueillir les réfugiés, mais aussi à les accompagner psychologiquement.
Patrick Alécian, psychiatre qui a contribué à la création des Maisons des adolescents en France, estime ce dimanche sur franceinfo que les pays européens qui accueillent des Ukrainiens doivent se préparer à "recevoir ces familles mais aussi les troubles qui vont émerger à la sortie de cette expérience traumatique".
franceinfo : Quelles traces laisse une guerre ?
Patrick Alécian : Dans le temps de la guerre même, les réactions aussi bien des enfants qu'adultes, sont plutôt adaptées. Ils cherchent à se protéger, on a parfois des enfants qui adoptent des mesures de sur-maturité, qui protègent leurs proches. Malheureusement, ça ne va pas tenir dans la durée. À un moment, ces civils vont exprimer une difficulté, et à ce moment, toute l'organisation internationale d'accueil qui s'est mise en place sera très précieuse, pour recevoir ces familles mais aussi les troubles qui vont émerger à la sortie de cette expérience traumatique. Dans les premiers jours il faut assurer ce qui est primaire : de la nourriture, un logement, une présence, une aide pour communiquer avec les proches qui n'ont pas pu quitter le pays.
Les traumas se font-ils vraiment avec un "effet retard" ?
Dans le cas des populations civiles, oui. Dans le cas des militaires, c'est plus compliqué. Même si les toutes premières secondes après un bombardement ou la disparition de plusieurs militaires autour, il y a une adaptation, mais des processus dissociatifs apparaissent très rapidement. Ce sont aussi des processus adaptatifs : ce sont des personnes qui se relèvent du traumatisme comme un bombardement, mais avec une sensorialité complètement différente dans les premières heures pour pouvoir survivre.
Qu'en est-il des volontaires qui combattent, armés physiquement mais pas nécessairement mentalement ?
La plupart des miliciens ont une expérience des armes déjà, mais certains volontaires sont peut-être un peu plus naïfs dans la façon d'engager le combat, et donc plus exposés que les militaires. La préoccupation, c'est aussi de savoir comment les militaires de métier reçoivent ces miliciens. Il y a une coordination très délicate dans ces moments-là.
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