L'Europe s'organise pour accueillir plusieurs millions de réfugiés ukrainiens
Près de 500 000 Ukrainiens ont fui la guerre lundi. Ils ont trouvé refuge dans des pays voisins et l'exode doit encore s'amplifier. L'ONU estime que cette guerre peut faire sept millions de déplacés dont plus de la moitié en Europe.
L’exode des Ukrainiens qui fuient la guerre ne cesse de s’amplifier. Ils sont déjà plus de 500 000 à avoir trouvé refuge dans les pays voisins, selon Filippo Grandi, le Haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés. Et le phénomène devrait encore s’accélérer. Pour un peu plus de la moitié d’entre eux, ils ont pris la destination de la Pologne. Il s'agit de la frontière à l’ouest la plus proche, sur la route qui conduit de Lviv en Ukraine, à Cracovie. D’autre part, il y a déjà une forte communauté ukrainienne en Pologne, estimée à un million et demi de personnes.
More than 500,000 refugees have now fled from Ukraine into neighbouring countries.
— Filippo Grandi (@FilippoGrandi) February 28, 2022
Les autres réfugiés ont pris la direction de la Hongrie, près de 100 000 personnes, de la Slovaquie, de la Roumanie, et de la Moldavie, environ 40 000 à 50 000 personnes chacune. Les files d’attente aux frontières sont interminables. Elles s’étendent sur des dizaines de kilomètres, et il faut patienter parfois plus de 48 heures pour passer. Si, comme c’est probable, les combats continuent, l’ONU avance donc un chiffre vertigineux. Elle estime que la guerre pourrait faire sept millions de déplacés, dont plus de la moitié, quatre millions, pourraient chercher à trouver refuge au sein des pays de l’Union européenne.
Et ces exilés ont un profil très différents des Syriens ou des Afghans qui sont arrivés en nombre au cours des dix dernières années. Là, ce sont d’abord des femmes, des enfants, et des personnes âgées, puisque tous les hommes en âge de combattre ont été réquisitionnés pour résister à l’envahisseur russe.
Possibilité de rester dans l'UE pendant trois ans
L’Union européenne se retrouve donc face à un défi : accueillir tous ces migrants et il va y avoir plusieurs étapes dans l’organisation de cet accueil. Dans un premier temps, l’UE envisage d’activer une directive sur la "protection temporaire". Ce mécanisme est vieux de 20 ans, il avait été inventé après les guerres en série dans les Balkans, mais n’a jamais servi. Le principe, c’est d’accorder la libre entrée sur le sol européen pour 90 jours, puis la possibilité de rester en Europe et d’y travailler pendant trois ans. La commissaire européenne chargée du dossier prépare un texte en ce sens. Les 27 membres de l’Union ne sont pas tous d’accord sur cette idée, mais il n’y a pas besoin de l’unanimité pour que le mécanisme soit enclenché. La "majorité qualifiée" est suffisante, soit 15 des 27 membres, pour peu qu’ils représentent 65% de la population de l’Union. Autrement dit, si par exemple la France, l’Allemagne et l’Italie sont d’accord, le texte sera sans doute adopté.
La question de la répartition de réfugiés
Après va venir la question toujours sensible de la répartition de ces réfugiés entre les pays membres. Cette question n’est pas encore posée à ce stade. Il va s’agir dans un premier temps d’aider les pays frontaliers, Pologne, Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Moldavie. Il faut d'abord les aider à canaliser le flot : par exemple en Pologne, des militaires américains sont déjà mobilisés dans ce but. Ces pays voisins se disent très ouverts. Même le Premier ministre hongrois Viktor Orban, traditionnellement très anti-migrants, parle d’un "devoir moral". Mais il est vrai que l’on parle ici d’Européens, souvent chrétiens, catholiques ou orthodoxes. Et le discours d’Orban est d’abord antimusulman. Cela dit, à terme, ces pays frontaliers ne pourront sans doute pas faire face, particulièrement de petits pays comme la Moldavie, seulement 30 000 km2. La question d’une "clé de répartition" entre les 27 finira donc par se poser. Et il est probable que de nombreux réfugiés souhaitent rejoindre des pays européens plus à l’Ouest, en particulier ceux qui possèdent déjà une communauté ukrainienne, notamment l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne.
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