Ukraine : les réfugiés "sont sûrement beaucoup plus nombreux" que dans les estimations, selon le directeur de l'ONG Care
Philippe Lévêque précise en outre que "25% des personnes ont plus de 60 ans, ce sont donc des populations un peu plus fragiles."
Philippe Lévêque, directeur général de Care, estime dimanche 27 février au soir, sur franceinfo, que les personnes ayant fui les combats en Ukraine "sont sûrement beaucoup plus nombreuses" que, selon les estimations des Nations unies, qui recense 368 000 réfugiés et déplacés depuis le début de l'invasion russe, jeudi.
franceinfo : Il y a déjà 368 000 réfugiés, selon l'ONU. Cela risque-t-il d'augmenter encore ?
Philippe Lévêque : Ils sont sûrement beaucoup plus nombreux puisque c'est la partie immergée de l'iceberg. L'essentiel des besoins est bien sûr du côté ukrainien. À l'intérieur des frontières européennes, roumaine, polonaise, la réponse s'organise.
Votre action diffère-t-elle en Ukraine de celle menée ailleurs dans le monde ?
C'est une situation qui est difficile parce qu'elle est très différente de celle que nous connaissons d'habitude en Afrique ou au Moyen-Orient. On est sur une population européenne, une population plus âgée. 25% des personnes ont plus de 60 ans, ce sont donc des populations un peu plus fragiles. Ce sont essentiellement des femmes et des enfants, c'est ce qu'on voit en Roumanie ou en Pologne, puisque les hommes sont restés au combat. C'est aussi une population qui est habituée à un niveau d'accès sanitaire et médical beaucoup plus sophistiqué qu'ailleurs, donc les besoins seront importants. On voit déjà arriver des gens avec des pathologies lourdes et chroniques. Pour l'instant, on n'est pas trop équipés pour y faire face.
Comment s'organise l'aide humanitaire ? Que faut-il faire en priorité ?
Ce sont les moyens financiers qui manquent, donc on appelle aux dons. Ensuite, il faudra des équipes maîtrisant la langue ukrainienne, moldave, roumaine. Pour l'heure, l'aide se fait sur les postes-frontières. Nous ne sommes pas rentrés en Ukraine. Nous ne pouvons pas y travailler. Tout ce que nous pouvons faire, c'est envoyer des fonds à des partenaires associatifs qui sont déjà en Ukraine. Les banques fonctionnent encore. On peut encore s'approvisionner dans des magasins, il n'y a pas encore de pénurie. Pour l'instant, c'est le transfert de fonds qui est le plus important. Je crois que ça va être un des besoins fondamentaux dans les semaines qui viennent.
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