: Reportage Guerre en Ukraine : à la frontière roumaine, cet hôtel de luxe accueille des réfugiés
Des milliers d'Ukrainiens fuient leur pays depuis le début de l'invasion russe. En Roumanie, les habitants ouvrent leur porte pour accueillir ces réfugiés. Un entrepreneur célébre a notamment ouvert la salle des fêtes de son hôtel de luxe dans le nord du pays.
Partout autour de la frontière avec l’Ukraine, on cherche des solutions d’hébergement pour les réfugiés qui fuient la guerre alors qu'aux portes de l'Union européenne, les exilés attendent des heures de pouvoir fuir le pays. En Roumanie, il fait trop froid pour rester dehors, les habitants ont ouvert leurs portes et on dresse des tentes dans les stades. Un homme d'affaires célèbre, Stefan Mandachi, a même ouvert la salle de mariage de son hôtel de luxe à Suceava, dans le nord du pays.
>> Suivez l'évolution de la guerre en Ukraine dans notre direct
Sous une boule à facettes, une dame âgée se repose. La décoration est soignée avec des dorures aux murs mais les matelas ont remplacé les nappes blanches. Portable greffé à la main, Stefan Mandachi distribue les tâches : “On a beaucoup de gens compétents dans ma société qui se sont portés volontaires et qui travaillent jour et nuit, explique l’entrepreneur. Mais ils ont besoin d’un leader dans un moment de crise, comme on en a besoin dans le business. Ici, les gens savent que je suis le patron, j’essaie de faire en sorte que les enfants ne comprennent pas qu’on est en guerre mais plutôt qu’on est en train de jouer.”
"On a le sentiment d’être enfin dans un lieu chaleureux"
Son hôtel de luxe est flambant neuf. Il a à peine ouvert avec la pandémie de Covid-19 et a coûté 8 millions d’euros. Aujourd'hui, 200 réfugiés occupent la salle des mariages. "Je n’ai jamais pensé une seule seconde que j'étais en train de perdre de l’argent, explique Stefan Mandachi. Mon modèle dans la vie, c’est Oskar Schindler. A chaque fois que je regarde le film, je me dis que j’aimerai juste faire 0.000001 % de ce que lui a fait.”
Beaucoup de réfugiés sont arrivés dans la soirée du dimanche 27 février comme Alya qui habite Ternipol, ville à l’aéroport militaire cible de l’armée russe. "On est arrivés ici avec beaucoup de stress, avec la tête pleine de questions sur notre avenir, indique l’étudiante. Cet endroit est incroyable, on a le sentiment d’être enfin dans un lieu chaleureux et sécurisant." Sur une chaise, Olga, ukrainienne, ravale sa nuit blanche et ses larmes, soulagée et inquiète à la fois. "Je suis heureuse pour moi et mes enfants d’être en sécurité et leur grand-mère à l’abri. Mais mon neveu est dans l’armée, déployé à Kharkiv", raconte l’Ukrainienne.
"Il y a de violents combats en ce moment, et ses trois enfants sont réfugiés au sous-sol de leur appartement depuis trois jours sans pouvoir sortir."
Olga, réfugiée ukrainienneà franceinfo
La pression internationale s’accentue sur le régime russe, mais c’est déjà trop tard se lamente Olga : "Je suis vraiment reconnaissante pour toute l’aide ici en Roumanie, mais j’ai aussi un sentiment amer que toutes ces mesures arrivent trop tard, c’est toujours trop lent, toutes ses réunions, ses discussions. Je ne suis pas économiste mais j’ai l’impression que ces mesures vont prendre trop de temps avant de faire effet." Olga va rejoindre sa famille avec sa mère en Hollande. Autour d’elle, des bénévoles s’affairent pour installer de nouveaux matelas.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.