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Guerre en Ukraine : "Ils n'étaient pas préparés à cette situation", témoigne un urgentiste français qui va former des Ukrainiens à la médecine de guerre

Raphaël Pitti, spécialiste de la médecine d'urgence en zone de guerre va se rendre en Ukraine mercredi pour ouvrir un centre de formation dans la ville de Lviv. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des médecins examinent un soldat blessé à l'hôpital militaire de Zaporijia, le 31 mars 2022, en pleine invasion de l'Ukraine par la Russie. Photo d'illustration. (EMRE CAYLAK / AFP)

"Il y a toute une procédure, un savoir-faire, ne serait-ce que dans le triage et l'organisation générale de l'hôpital", explique vendredi 1er avril sur franceinfo Raphaël Pitti, anesthésiste-réanimateur, qui part mercredi 6 avril en Ukraine pour ouvrir un centre de formation à la médecine de guerre à Lviv. Les Ukrainiens "n'étaient pas préparés à cette situation et il est très important de les former", indique ce spécialiste de la médecine d'urgence en zone de guerre, également responsable de formation à l’Union des organisations de secours et soins médicaux.

franceinfo : Vous partez la semaine prochaine en Ukraine avec l'objectif d'y ouvrir un centre de formation destiné aux médecins ukrainiens. Que vont-ils y apprendre ?

Raphaël Pitti : Les personnels civils soignants vivent une situation tout à fait particulière puisque la guerre se situe dans les villes et qu'ils sont directement impactés. Ils sont amenés à prendre en charge des afflux de blessés et ils ne savent pas trier. Ils sont amenés à prendre en charge des pathologies pour lesquelles ils sont peu préparés. Il y a toute une procédure, un savoir-faire, ne serait-ce que dans le triage et l'organisation générale de l'hôpital face à des situations de cette nature. Nos collègues ukrainiens, comme les Syriens d'ailleurs, n'étaient pas préparés à cette situation et il était très important de les former. C'est ce que nous avons fait en Syrie et c'est ce que nous essaierons de faire à Lviv.

La spécificité de la médecine de guerre, c'est que les premières minutes sont encore plus essentielles à la survie ?

Tout à fait, c'est en particulier sur le terrain que tout va se jouer, dans la première heure où 50% des victimes vont mourir d'asphyxie ou d'hémorragie. La formation des secouristes est donc vraiment très importante dans ce qu'on appelle le relevage des victimes et leur transport aux structures hospitalières, avec des procédures que l'on nomme aussi le contrôle des dommages pré-hospitalier.

Savez-vous ce qui vous attend là-bas et dans quelles conditions travaillent aujourd'hui les médecins ?

Pour ce qui concerne Kiev, Lviv et la majorité des villes, il y a des bombardements sur les civils de manière sporadique mais ça les impacte d'une manière différente qu'à Marioupol qui vit une situation dramatique, comme ce fut le cas à Alep. Je ne peux pas ne pas faire le rapprochement avec ce qu'ont vécu les Syriens durant la dernière décennie. C'est véritablement la même chose, une situation terrible, ils sont enfermés dans des caves, la population a du mal à se faire soigner. Avec leurs bombardements, les Russes détruisent l'approvisionnement en électricité, en eau potable et ils empêchent le ravitaillement alimentaire et l'évacuation des victimes.

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