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Guerre en Ukraine : "L'invasion russe de l'Ukraine a remis l'Otan sur ses fondamentaux : la défense de l'Europe", selon un chercheur

L'Otan, réunie les 11 et 12 juillet à Vilnius, en Lituanie, étudie un potentiel processus d'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique. Selon le chercheur du Conseil européen, Camille Grand, "Vladimir Poutine a obtenu l'effet inverse de ce qu'il recherchait" en envahissant l'Ukraine.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, lors d'une rencontre à Kiev le 20 avril 2023. (SERGEY DOLZHENKO / EPA)

L'Otan, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, alliance défensive à laquelle appartient la France, se réunit les 11 et 12 juillet à Vilnius, en Lituanie, pour étudier une possible adhésion de l'Ukraine. Selon Camille Grand, chercheur au sein du Conseil européen pour les relations internationales et ancien secrétaire général adjoint de l’Otan, invité de franceinfo le 11 juillet, la guerre en Ukraine a recentré l'Otan sur "ses fondamentaux".

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franceinfo : La guerre en Ukraine a-t-elle eu un impact sur l'Otan ?
Camille Grand : L'invasion russe de l'Ukraine a remis l'Otan sur ses fondamentaux, c'est-à-dire la défense collective de l'Europe, la défense territoriale, avec un élargissement spectaculaire avec l'entrée de la Finlande et de la Suède. Ces deux pays, même pendant la guerre froide n'avaient pas souhaité rejoindre l'Otan, et c'est intéressant de voir comment Vladimir Poutine a obtenu l'effet inverse de ce qu'il recherchait. Il se plaignait d'avoir l'Otan trop proche de ses frontières et s'est créé une frontière de 1 400 km avec l'Otan en incitant la Finlande à rejoindre l'Alliance atlantique et il y a aussi le rapprochement avec l'Ukraine.

L'Ukraine ne sera pas tout de suite membre de l'Otan, mais des garanties sécuritaires sont prévues par les Occidentaux. Comment cela va-t-il se passer ?
C'est un paquet de décisions qui semble se dessiner et qui comprend trois piliers. Une assistance militaire dans la durée ; une association plus étroite à l'Otan qui permet aux Ukrainiens de participer à beaucoup de débats au sein de l'Alliance ; un chemin plus clair vers l'adhésion qui ne pourra intervenir qu'une fois le conflit arrêté.

Actuellement, le soutien militaire se fait plutôt en dehors de l'Otan. Comment expliquez-vous cela ?
Le choix des pays qui soutiennent l'Ukraine a été de ne pas faire appel à l'Otan pour ne pas donner prise aux narratifs russes d'une guerre entre l'Otan et l'Ukraine. Donc, l'Otan est restée à l'écart des mécanismes de soutien, notamment pour tout ce qui est armes et équipements.

Les Etats-Unis ont voulu livrer des bombes à sous-munitions, interdites en Europe. Pourquoi sont-elles controversées ?
Ce sont effectivement des armes controversées. Il y a une convention d'Oslo de 2008 qui a été signée par de nombreux pays européens, mais pas par tous [pour les interdire]. Ce sont des armes redoutablement efficaces sur les champs de bataille, elles sont massivement utilisées par la Russie. Elles sont problématiques parce qu'elles ont tendance à générer plus de pollution de terrain, de restes explosifs de guerre. On est dans une zone où des milliers d'obus sont tirés, des mines antichars sont posées par les deux parties. Donc, les Ukrainiens en demandant à cor et à cri ces armes ont poussé les Américains à leur apporter. Est-ce un mal nécessaire ? Je ne suis pas à l'aise avec la livraison d'une arme qui a été jugée problématique au plan humanitaire par beaucoup de pays.

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