Cet article date de plus de deux ans.

Guerre en Ukraine : la Russie dit utiliser ses missiles hypersoniques, une première

L'armée russe assure avoir frappé un entrepôt souterrain avec ses missiles dernier cri, capables de déjouer les défenses anti-missiles.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un avion Mig-31 de l'armée russe et son missile Kinjal, le 19 février 2022. (RUSSIAN DEFENCE MINISTRY / AFP)

Moscou montre ses muscles. L'armée russe a dit samedi 19 mars avoir tiré des missiles hypersoniques en Ukraine. Ce recours en combat semble être une première, en pleine course mondiale pour se doter de ces armes qualifiées d'"invincibles" par Vladimir Poutine. "Le 18 mars, le complexe aéronautique Kinjal avec ses missiles balistiques hypersoniques a détruit un important entrepôt souterrain de missiles et de munitions de l'aviation de l'armée ukrainienne dans la localité de Deliatine, dans la région d'Ivano-Frankivsk", dans l'ouest de l'Ukraine, a annoncé le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov.

La Russie n'avait jusque-là jamais fait état de l'emploi de ce missile balistique dans les deux conflits où elle est belligérante, l'Ukraine et la Syrie. Il a été déployé de nombreuses fois lors d'exercices depuis le premier test réussi en 2018. "Il est probable qu'on voulait utiliser le Kinjal dans des conditions de combat, c'est une première mondiale", relève auprès de l'AFP Vassili Kachine, analyste militaire et directeur d'un centre de recherche de la Haute école d'économie de Moscou.

Un moyen de "faire peur à tout le monde"

Ce type de missiles défie les systèmes de défense anti-aérienne, selon Moscou, car sa vitesse – jusqu'à Mach 10, soit 12 000 km/h – et sa manœuvrabilité le rendent difficile ou impossible à intercepter, même si certains experts militaires occidentaux ont estimé que la Russie pouvait exagérer les capacités de cette arme air-sol. D'autre part, la cible frappée vendredi, un entrepôt souterrain, semble tout indiquée pour les Kinjal – "poignard" en russe –, selon Vassili Kachine. "De telles infrastructures sont difficiles à détruire avec des missiles classiques. Le missile hypersonique a, lui, une capacité de pénétration et une puissance destructrice plus importantes du fait de sa très haute vitesse", note-t-il.

Pour l'expert militaire russe Pavel Felgenhauer, le recours au Kinjal ne donne pas un avantage stratégique à la Russie en Ukraine, en revanche l'effet psychologique est certain, Moscou déployant là l'un de ses fleurons destructeurs. "Sur le fond, ça ne change pas le champ de bataille, mais cela a un effet sur le plan de la propagande psychologique, pour faire peur à tout le monde", dit-il.

La Russie est le premier pays au monde à avoir développé des armements hypersoniques. Ceux-ci font la fierté du président russe, qui vante régulièrement leur existence comme la preuve d'une supériorité militaire de son pays. Moscou a développé ce type d'armement pour avoir des armes capables d'échapper à des systèmes de défense comme le bouclier antimissile américain en Europe. "Nous sommes les premiers à avoir déployé ces armements, les Chinois l'ont fait aussi il y a peu. Mais les Etats-Unis n'ont pas cette arme pour l'instant", note Vassili Kachine.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.