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Guerre en Ukraine : "Le secteur de l'élevage va être impacté" par la hausse des prix du blé, prévient un spécialiste

Le directeur d'Agritel, Michel Portier, assure cependant que l'impact sera "relativement faible" sur le prix du pain et appelle à ne pas se ruer sur l'achat de pâtes.

Article rédigé par franceinfo
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Un champ de blé en Isère. (Illustration) (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

"Le secteur de l'élevage va être le plus impacté" par la hausse des prix du blé constatée depuis l'invasion russe de l'Ukraine, prévient vendredi 25 février sur franceinfo le directeur d'Agritel Michel Portier. "Les éleveurs vont avoir une augmentation des prix de l'alimentation du bétail."

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Il assure en revanche qu'il y aura "un impact relativement faible sur le prix du pain" et appelle à ne pas se ruer sur les pâtes, alors que jeudi, le prix du blé affichait 316 euros la tonne.

franceinfo : Comment s'explique ce prix élevé et est-ce que ça va continuer à augmenter ?

Michel Portier : C'est bien difficile à savoir, les marchés sont extrêmement nerveux. Lorsqu'on est montés hier à 340 euros la tonne, c'était en cours de séance. On a fini en clôture à 316 euros la tonne. Cela veut dire que dans une même journée, les cours du blé peuvent bouger de 10 à 20%. La question est de savoir pendant combien de temps il va y avoir un arrêt des chargements sur les ports de la mer Noire, où aucun chargeur ne prend plus le risque de mettre un bateau. Il y a d'ailleurs eu des incidents, avec un chargeur touché par un missile. Tout cela alors que la Russie est le premier exportateur de blé au monde. Cette année, ils ont dû exporter environ 35 millions de tonnes de blé. L'Ukraine est de son côté le troisième exportateur de maïs au monde.

La seule production européenne, et notamment française, ne permet pas de compenser ?

Non, fatalement, les prix montent. Le plus haut historique qu'on avait eu jusqu'ici, c'était le 15 novembre dernier, à 300 euros la tonne. Alors, aujourd'hui, ce n'est pas non plus la panique mais il y a une volatilité importante. Toutefois, il n'y a aucune crainte de pénurie en France, qui est le premier pays exportateur au sein de l'Union européenne. Là où les agriculteurs français sont très inquiets, c'est au niveau de la fourniture d'engrais. On a besoin d'azote, faite à partir de gaz, pour cultiver des céréales. Mais avec l'envolée des cours du gaz, voire l'arrêt des livraisons par la Russie, on risque d'avoir une pénurie d'azote et donc une baisse de la production mondiale qui risque de faire flamber les coûts.

Les prix du pain ou des pâtes risquent-ils d'augmenter ?

Quand le prix du blé augmente, cela a un impact relativement faible sur le prix du pain. Il faut savoir que le prix de la farine représente au maximum 10% du prix final de la baguette. Ne vous ruez pas sur les pâtes non plus, qui sont faites avec du blé dur alors que nous parlons là de blé tendre. La Russie et l'Ukraine n'exportent pas de blé dur, qui est plutôt fait au Canada, au Mexique, aux États-Unis et en France. Il n'y a pas de raison pour que le prix des pâtes augmente. En revanche, le secteur de l'élevage va être le plus impacté. Les éleveurs vont avoir une augmentation des prix de l'alimentation du bétail, en même temps qu'une baisse des prix de la viande.

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