Guerre en Ukraine : que voit-on sur les cartes militaires diffusées par Moscou qui semblent confirmer son recul sur le front ?
La reconquête de l'armée ukrainienne vers l'Est et dans le Sud progresse, de l'aveu même de Moscou. Les Russes ont confirmé mardi lors de leur briefing quotidien leur recul sur plusieurs fronts à travers des cartes militaires.
Si une image vaut mieux que mille mots, une carte a d'autant plus de valeur, surtout pour résumer l'avancée des troupes ukrainiennes vers l'Est. Le lieutenant général de l'armée russe en a fait l'expérience mardi 4 octobre lors de son traditionnel briefing. Alors qu'il énumérait les pertes infligées à l'ennemi, des cartes diffusées en arrière-plan démontraient tout à l'inverse. Mais alors que voit-on ? Explications.
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Tout est parti du briefing d'Igor Konashenkov du 4 octobre. Le visage impassible, ce lieutenant général de l'armée russe réalise, comme depuis le début de l'invasion russe, le briefing sur les opérations en cours. Il égrène alors les succès russes de la veille, le nombre de chars ukrainiens détruits, le nombre de soldats mis hors de combat, le nombre de frappes de missiles de haute précision... Sauf que, dans le même temps, les cartes diffusées en arrière-plan racontent une tout autre histoire.
Un recul de plusieurs kilomètres
À y regarder de plus près, on s'aperçoit que l'armée russe a battu en retraite sur quarante kilomètres, dans la région Kherson, où elle a perdu plusieurs localités, mais aussi dans la région de Kharkiv. Ce n'est pas la première fois que les cartes diffusées par le ministère de la Défense russe montrent clairement le recul de son armée. Ainsi, ces cartes montrées par Moscou, comparées à celles du briefing du 3 octobre, montrent bien que les forces du Kremlin ont quitté un grand nombre de localités dans la région de Kherson notamment celle de Doudtchany sur la rive occidentale du fleuve Dniepr, alors que l'armée ukrainienne y mène une contre-offensive depuis plusieurs semaines, qui peinait à percer jusqu'à présent.
La carte de la région de Kharkiv montre, elle, que les Russes ont quitté la quasi-totalité de la rive orientale de la rivière Oskil, dernière zone de la région qu'ils contrôlaient encore.
Il n'en fallait pas plus pour que l'image d'Igor Konashenkov soit détournée sur les réseaux sociaux, avec des messages ironiques : "Les troupes russes se sont retirées victorieusement."
Reste que les Russes qui confirment les succès militaires des Ukrainiens est d'autant plus paradoxal, quand on sait que Kiev ne communique absolument pas sur ses propres avancées. Jusqu'à maintenant, le suivi de la contre-offensive se faisait au rythme des annonces du président Volodymyr Zelensky, appuyées par des photos et des témoignages remontés depuis le terrain. Les cartes de Moscou permettent, là, de confirmer les reconquêtes ukrainiennes, à l'image de la ville de Lyman ce week-end.
Autant d'éléments corroborés dans une nouvelle prise de parole du président ukrainien Volodymyr Zelensky, mardi 4 octobre, dans la soirée cette fois. Il revendique des avancées "rapides et puissantes" de son armée dans le Sud, faisant état de "dizaines" de localités reprises "cette semaine" aux Russes dans cette région et dans l'Est, a-t-il déclaré dans son adresse quotidienne publiée sur les réseaux sociaux. Il a notamment cité huit localités reprises par les forces de Kiev dans la région de Kherson, où l'armée russe a reculé... comme le montre également les cartes présentées quelques heures auparavant par le ministère russe de la Défense. Et le chef de l'Etat ukrainien d'enfoncer le clou : "Nos militaires ne s'arrêtent pas. Ce n'est qu'une question de temps avant que nous chassions l'occupant de l'ensemble de nos terres".
Des territoires russes "pour toujours"
Sur le terrain, en revanche, il est difficile de savoir comment les soldats russes vivent ces percées de Kiev. En Russie, ce n'est plus un secret pour la population. On en parle ouvertement sur les réseaux sociaux, comme Telegram, surtout dans les milieux pro-Kremlin. Des critiques fusent de plus en plus clairement à l'encontre de l'État-major, les généraux et le ministre de la Défense Serguei Choigou.
Mercredi 5 octobre, d'ailleurs, c'est le Kremlin lui-même qui tente de reprendre la main, en promettant de récupérer les territoires perdus, tout en assurant que ces régions seront avec la Russie "pour toujours". "Certains territoires seront repris et nous allons continuer à mener des consultations avec la population (locale) sur son souhait de vivre en Russie", a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé sur les frontières exactes de ces régions annexées, dont Vladimir Poutine a signé mercredi la loi formalisant leur annexion.
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