: Témoignage Trois semaines après son départ d'Ukraine, Vika, réfugiée de 16 ans, raconte sa nouvelle vie en France
Vika et sa mère Valentina sont arrivées en France début mars. Plusieurs semaines après avoir fui l'offensive russe en Ukraine, elles témoignent du nouveau quotidien qu'elles se sont forgé.
Elle surgit mardi 29 mars au portail du lycée de Luynes, en banlieue d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Elle, c'est Vika, une adolescente ukrainienne de 16 ans. Elle a fui son pays et l'offensive russe début mars. Depuis un peu plus de trois semaines, elle est accueillie avec sa mère dans une famille française. Il y a une semaine, elle a également repris sa scolarité, dans un établissement local. "Français, histoire de l'art..." : la journée de cours, démarrée à 8 heures, a été bien remplie et l'a fatiguée.
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Le 5 mars, Vika a posé le pied en France pour la cinquième fois. L'adolescente avait l'habitude d'être accueillie dans la région d'Aix-en-Provence, grâce à l'association "Les Amis des enfants de la région de Rivne", une ville ukrainienne proche de Tchernobyl. L'association s'est donc mobilisée pour affréter un bus qui a rapatrié 53 enfants et plusieurs femmes ce jour-là. "D'habitude, c'est en tant qu'invitée que je viens", confiait Vika à la descente du bus. "Cette fois je ne sais pas combien de temps cela va durer."
Carte de séjour, compte bancaire, sécurité sociale...
Depuis, Vika s'est bien intégrée, notamment au lycée. "J'ai beaucoup de copines et les garçons sont bien avec moi", se félicite-t-elle. Elle progresse également en français. "Parfois mes camarades m'aident à comprendre ce que dit le professeur. D'autres fois, j'arrive à me débrouiller toute seule." Patrick, 78 ans, résume : "Tout se passe merveilleusement !"
C'est ce retraité qui l'accueille, comme lors de ses précédentes visites, bien avant la guerre. Il est donc un peu son "oncle" français, comme le dit l'adolescente. Il s'est aussi occupé de son inscription en terminale. "Ça nécessite pas mal de déplacements et de rendez-vous", concède-t-il. Pour autant, il s'est aussi démené depuis trois semaines pour que Vika et sa mère obtiennent une carte de séjour, un compte bancaire et bientôt la sécurité sociale. "Tout se met en place !", se réjouit-il.
Un premier anniversaire en France
Pour Patrick, le contact est en revanche inédit avec Valentina, la maman de Vika. "C'est la première fois que je la vois et ça se passe très bien malgré la difficulté de la langue", rassure-t-il. La mère de famille a eu 46 ans il y a peu. "Elle a fêté son anniversaire il y a trois jours à la maison", raconte Patrick, légèrement amusé. "Tous les gens qui passaient sont venus avec des gâteaux. Ça fait donc trois jours qu'on mange des gâteaux !"
Si Valentina a eu un bel anniversaire, elle l'a pourtant passé loin de son mari, resté en Ukraine pour combattre. "Elle l’appelle plusieurs fois par jour. Elle me le passe à chaque fois et nous fait des grands signes", témoigne Patrick.
Dans une maison voisine, Marcel et Maryse - des amis de Patrick - reçoivent eux aussi une famille ukrainienne et tentent d’offrir des moments de légèreté. "Hier, on est allés à La Ciotat, au restaurant et ils ont marché sur la plage", raconte Marcel. Le soir, la tradition veut que les réfugiés appellent les proches restés en Ukraine. "Les yeux sont embués", souffle-t-il.
Pour l’instant, ces réfugiés ukrainiens ne bénéficient pas de cours de langue accélérés. Vika, elle, peaufine son français en regardant des séries "Emily in Paris, avec la traduction en français", s'amuse l'adolescente. D'ailleurs, grâce au train gratuit, Vika et sa mère vont justement découvrir Paris ce week-endL'adolescente se prend à rêver du "Jardin du Luxembourg". En attendant, les réfugiées ukrainiennes démarrent la préparation du repas. Au menu : pâtes sauce bolognaise. "À midi, c'est moi qui ait fait le repas. Ce soir, c'est elle", détaille Patrick. Quand on lui souhaite "bon appétit", Vika répond d'un ton enjoué en français : "Merci beaucoup !"
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