Cet article date de plus de deux ans.

Guerre en Ukraine : une journaliste ukrainienne regrette "l'absence d'union forte en Europe" face à Vladimir Poutine

La volonté d'Emmanuel Macron de ne pas vouloir "irriter l'agresseur" passe décidément mal en Ukraine, constate Tetyana Ogarkova.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Ce qu'il reste d'un supermarché détruit par un missile russe à Kharkiv, le 8 juin 2022. (SERGEY BOBOK / AFP)

Tetyana Ogarkova, journaliste, responsable du département international de l'Ukraine Crisis Center regrette dimanche 12 juin sur franceinfo "l'absence d'union forte en Europe" face à Vladimir Poutine. La volonté de vouloir "ne pas irriter l'agresseur, d'apaiser l'agresseur" passe mal en Ukraine, selon elle. Tetyana Ogarkova fait référence aux déclarations d'Emmanuel Macron qui a appelé à "ne pas humilier la Russie". Cette stratégie "n'a jamais marché et ne marchera jamais", a-t-elle affirmé.

>> DIRECT. Guerre en Ukraine : les combats s'intensifient à Severodonetsk, dans l'est du pays

franceinfo : Quelle est la situation des Ukrainiens à Odessa ou Khazkiv où vous vous êtes rendu récemment ?

Tetyana Ogarkova : J'ai visité Kharkiv le week-end dernier. J'ai pu voir comment vit la ville qui se trouve à 40 km de la frontière avec la Russie. C'est une vie où il n'y a plus de place pour le calme puisque, malgré la contre-offensive ukrainienne qui a pu libérer 70% la région de Kharkiv, il reste encore des troupes russes sur le terrain. Ce sont des bombardements tous les jours avec de l'artillerie. On a toujours besoin de plus d'armes lourdes, justement pour détruire cette capacité russe de bombarder des civils. Il y a des civils qui meurent malheureusement tous les jours à Kharkiv et aux alentours comme à Tsyrkuny qui est sous les bombardements permanents. C'est une guerre qui est absolument injustifiée. On a constaté à l'intérieur de la ville une force qu’on n’espérait pas, puisqu'il y a des gens qui sont restés à Kharkiv durant les mois très difficiles de mars et avril. Des gens très forts qui font tout leur possible pour soutenir l'armée des volontaires. J'ai été frappé de voir les gens de la culture, des metteurs en scène, des écrivains qui sont là et qui s'occupent de l'aide militaire pour des soldats qui sont sur les positions.

Les livraisons d'armements lourds de l'Union européenne notamment ne sont pas assez rapides ?

Il y a toujours des promesses de nous livrer plus d'armes lourdes. Et il s'agit bien d'obusiers, mais aussi de Launch Rocket System qui nous permettront d'abattre l'artillerie russe. Si vous voulez une comparaison entre les forces ukrainiennes et les forces russes en termes d'artillerie lourde, c'est un contre dix. Ils possèdent dix fois plus d'armes. Ce que l'on voit à Donetsk, à Roubijne, à Popasna, sans parler de Marioupol, c'est une stratégie d'écrasement, de terre brûlée. Ils détruisent tout sur leur chemin, en avançant petit à petit parce que ce n'est pas une avancée spectaculaire.

"Ils tuent tout sur leur chemin sans qu'il y ait une distinction entre civils, militaires, entre femmes, enfants."

Tetyana Ogarkova, journaliste

à franceinfo

Les destructions, c'est énorme. 

Attendez-vous une aide particulière de la France ?

Concernant la France, je ne vous cacherai pas qu'on a réagi un peu mal aux déclarations provenant du président de la République qui parle de ne pas humilier la Russie. On voit un peu la volonté politique derrière de ne pas irriter l'agresseur, d'apaiser en fait l'agresseur. Or, nous, ici en Ukraine, on a bien vu, malheureusement, que cette politique n'a jamais marché et ne marchera jamais non plus. On a bien vu, en 2014, que la politique d'apaisement et la volonté de fermer les yeux sur la Crimée et sur le Donbass occupé par la Russie amène une autre guerre, beaucoup plus sanglante, huit ans plus tard. On regrette bien sûr l'absence d'union forte en Europe. On espère qu'il y aura quand même un retour à l'union, puisqu'il n'y a d'autre solution de mettre fin à cette guerre que d'amener à la défaite militaire nécessaire de la  Russie.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.