L'Ukraine enquête sur des désertions et abus de pouvoir au sein d'une brigade formée en France
Les enquêteurs ukrainiens ont déclaré, jeudi 2 janvier, avoir lancé des investigations sur des cas d'abus de pouvoir et de désertions au sein de la brigade "Anne de Kiev", en partie formée et équipée par la France. "Le Bureau d'enquête de l'Etat étudie effectivement les faits présentés dans les médias dans le cadre de la procédure pénale engagée en vertu des articles" liés à l'abus de pouvoir et à la désertion, a affirmé à l'AFP Tatyana Sapian, la porte-parole de cette instance officielle.
Cette brigade fait l'objet d'une controverse depuis son retour le mois dernier de France, où ont été formés 2 300 des 4 500 soldats qui la composent. Selon le journaliste ukrainien Iouri Boutoussov, près de 1 700 soldats de la brigade ont déserté, pour la plupart avant même que leur unité ne soit déployée sur le front, et 50 durant la formation en France.
Il a accusé mardi dans un long message sur Facebook le commandement militaire ukrainien d'avoir failli à la formation initiale de la brigade, qui s'est déroulée dans un "chaos organisationnel complet" et d'avoir envoyé ses soldats dans d'autres unités pour y "colmater les trous" en termes d'effectifs. Selon lui, ce qu'il restait de la brigade a été envoyé notamment à Pokrovsk, l'un des secteurs les plus chauds du front est, tandis que son commandant a été démis de ses fonctions, ainsi que plusieurs de ses subalternes.
"Des pertes importantes dès les premiers jours"
Toujours selon ce journaliste ukrainien, la brigade n'a pas été équipée en drones ni en équipement de brouillage électronique, des outils devenus essentiels pour les unités militaires dans cette guerre. "A cause de cette attitude criminelle envers la vie des soldats, la 155e brigade a subi des pertes importantes dès les premiers jours", a accusé Iouri Boutoussov. "L'enquête est en cours. Il est trop tôt pour parler de résultats préliminaires", a expliqué, pour sa part, Tatyana Sapian.
Les problèmes au sein de la brigade "Anne de Kiev" avaient déjà été dénoncés par la député ukrainienne Mariana Bezougla, connue pour ses critiques virulentes du haut commandement militaire, qui avait évoqué début décembre une "brigade zombie" formée à des fins de "publicité". Emmanuel Macron avait rendu visite début octobre aux soldats de la 155e brigade ukrainienne lors de leur entraînement en France.
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