La mention de "guerre" interdite à la télévision russe : comment les médias traitent-ils l’invasion ?
À la télévision russe, on parle d'une "opération militaire spéciale", mais jamais de guerre quand on évoque le conflit avec l'Ukraine. Le mot est interdit par les autorités russes.
Lundi 14 mars lors d’un journal télévisé de la première chaîne russe, une journaliste est passée dans le dos de la présentatrice avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire : "Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment". Le direct a été immédiatement interrompu.
"Guerre". Le mot est interdit par les autorités russes. Le 5 mars, une loi votée la veille par la chambre basse du Parlement (Douma) prévoit des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison en cas de propagation d'informations visant à "discréditer" les forces armées. Aucun média n'y échappe. Ceux qui ont tenté de le faire sont aujourd'hui interdits, et fermés pour la plupart.
Les Ukrainiens traités d'"ordures" et d'"idiots"
La télévision, totalement contrôlée par le gouvernement, en est le fidèle relais et même un peu plus. L'opération militaire spéciale est présentée comme se déroulant comme prévu, les troupes russes essuient peu de pertes. Et quand on parle des Ukrainiens, c'est parfois en termes très agressifs, comme le présentateur vedette Vladimir Soloviev, dont le talkshow est regardé par des millions de téléspectateurs. "Ce qui m'étonne, c'est à quel point ils peuvent être des ordures, commente-t-il.
"Ils sont prêts à détruire Odessa. Ils l'ont piégée eux-mêmes."
Vladimir Soloviev, présentateur vedette de la télévision russeà franceinfo
"Ils sont prêts à détruire Kiev, poursuit l'animateur. Mais quels idiots ! Il faudrait être idiot pour mettre des équipements militaires dans des zones résidentielles et penser que rien ne se passera."
Un Français joue les consultants
Autour de Vladimir Soloviev, les intervenants se succèdent. Dimanche soir, il y avait un Français dans l'émission. Xavier Moreau est un ancien officier parachutiste, installé à Moscou depuis 20 ans. Son rôle : analyser l'état de l'opinion en France. "À cause de la propagande, les Français pensent qu'après avoir éliminé l'Ukraine, la Russie va lancer l'assaut sur la France. Les Français ont peur. On leur dit que la Russie va se lancer à l'assaut de l'Europe et reconstruire l'Union soviétique depuis Paris. Je ne plaisante pas", soutient-il.
Pour contrer cette propagande, des ingénieurs informatiques ukrainiens ont mis de côté leur activité professionnelle pour contre-attaquer. Leurs armes : un ordinateur et une connexion internet.
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