: Reportage "À tout moment, ça peut chauffer ici" : loin du front, ces soldats ukrainiens neutralisent des incursions russes à la frontière
C'est l'autre guerre, qui se joue dans l'est de l'Ukraine, mais à des kilomètres de la ligne de front : la surveillance de la frontière avec la Russie. De chaque côté, des militaires se cachent et s'affrontent à distance dans une immense zone grise, où les esprits peuvent s'échauffer à tout instant.
Au bout d'un chemin tortueux, dans une zone de marécages, un petit groupe de soldats dissimulés dans un bosquet est en train de préparer leur arme, pour la prochaine opération. C'est un canon antichar, un SPG-9, qui tire des obus contre les blindés. Contre les hommes, aussi. "L'un de nos objectifs, c'est de lutter contre les incursions de l'ennemi, explique Yaroslav. Avec les gardes-frontières, on anticipe les chemins qu'ils vont prendre. Et puis, grâce aux drones du renseignement aérien, on évalue la concentration des troupes russes, de l'autre côté."
Y a-t-il souvent des incursions ? "En permanence !", répondent-ils en chœur. Et le canon a tué pas plus tard que la veille.
"Un groupe d'hommes a passé la frontière et est entré sur notre territoire. On a eu des infos sur leur localisation, donc on a réagi. Et on a réussi."
Igor, un soldat ukrainienà franceinfo
L'arme, soviétique, a le même âge qu'eux : 55 ans. Mais elle reste efficace, si elle est entre de bonnes mains, assure Volodymyr.
L'ennemi peut surgir de n'importe où
Soudain, le chef sergent nous montre un point mouvant, sur son écran : un drone ennemi vole au-dessus de nous. En silence, bien sûr. "Non, tu ne peux pas le repérer, lance Igor. Ni visuellement, ni à l'oreille. Dans le ciel, malheureusement, ce sont les Russes qui ont l'avantage. L'Ukraine a besoin de drones", rappelle-t-il. La frontière est à quelques kilomètres. Et dans cette zone grise, le calme est trompeur. "À tout moment, ça peut chauffer ici", prévient Yaroslav.
Son camarade ajoute que c'est encore plus stressant que la ligne de front car la frontière est immense, et l'on ne sait pas d'où l'ennemi peut surgir. À quoi se raccrochent-ils, alors ? À ce Christ en chapelet blanc que Volodymyr porte autour du cou ? Le soldat sourit. Il n'est pas tellement religieux, en réalité. Mais à la guerre, relève-t-il, "tu te retrouves à prier tous les dieux que tu veux, juste pour survivre".
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