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Reportage "C'est un miracle qu'on leur résiste" : dans le sud-est de l'Ukraine, l'armée peine à atteindre l'ennemi russe malgré la contre-offensive

Les envoyés spéciaux de franceinfo ont pu suivre des soldats à Houliaïpole, dans le sud-est de l’Ukraine. Ils reconnaissent la lenteur de la contre-offensive mais affirment : "Donnez-nous les armes et la guerre sera finie avant l'hiver."
Article rédigé par Hajera Mohammad - Fabien Gosset et Natalia Vlasenko
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les soldats ukrainiens tiennent depuis le début de la guerre la ville de Houliaïpole pour ne pas qu’elle soit prise par les Russes qui se retrouvent à 7 km, derrière la ligne de front. (HAJERA MOHAMMAD / RADIO FRANCE)

C’est une ville au milieu des champs de tournesols, devenue l’un des points de combats les plus féroces que se livrent depuis un an et demi Russes et Ukrainiens : à Houliaïpole, dans le sud-est de l’Ukraine, ils se font face à face d’un côté et de l’autre de la ligne de front. Sept kilomètres seulement les séparent. Mais difficile pour les Ukrainiens d’atteindre l’ennemi, bien rodé, malgré la contre-offensive lancée il y a deux mois.

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"Plus vite, il faut marcher plus vite, presse Bogdan, militaire immobilisé à Houliaïpole depuis le début de la guerre. À cause des drones russes, ils observent le moindre mouvement et ensuite ils attaquent." Il ne faut pas rester et poursuivre le chemin en voiture. Les rues de la ville, dévastées par les bombardements, défilent. "Regardez, lance Bodgan, c'est le marché... Enfin c'était..."

Les Russes bombardent tous les jours la ville, quasiment toutes les maisons et les immeubles sont détruits. Ici le palais de la culture démoli au début de la guerre. (HAJERA MOHAMMAD / RADIO FRANCE)

Après quelques kilomètres de trajet, nous nous arrêtons au bord de la route. Bogdan nous invite à entrer dans une petite maison aux volets bleus. À l’intérieur, plusieurs soldats d'une unité d'artillerie se reposent et proposent thé et café.

Dans cette caisse, des mines utilisées par les forces ukrainiennes pour maintenir à distance les soldats russes. (HAJERA MOHAMMAD / RADIO FRANCE)

A leurs pieds, des grosses caisses en métal : "Ce sont des boîtes des mines, indique l'un d'eaux. Elles sont vides..." Oleg, torse nu, bras tatoué, nous avoue à demi-mot que la contre-offensive avance très lentement.

"C'est vrai que selon le plan, on devrait déjà être sur la plage, au sud, au bord de la mer d'Azov..."

Oleg

à franceinfo

La situation reste bloquée à Houliaïpole : chaque camp s'observe, se jauge à distance, avec ces sept kilomètres de terre totalement minés qui les sépare. "En ce moment, c'est surtout un duel avec des combats d'artillerie, souligne Oleg. Ils nous attaquent et contre-attaquent, mais ils ont plus de ressources. C'est un miracle qu'on leur résiste !"

"Les Russes peuvent envoyer 1 000 soldats se faire tuer un jour, et le lendemain en renvoyer 2 000 autres. Pour nous, c'est hors de question : chaque vie est précieuse."

Oleg

à franceinfo

"On a déjà eu plusieurs blessés et morts dans notre bataillon, soupire Oleg. Un camarade a été tué la semaine dernière. Donnez-nous les armes et vous verrez, la guerre sera finie avant l'hiver."

Malgré les sourires et la bonne humeur, la fatigue se lit sur les visages. Bogdan attend depuis un an et demi d'avoir une permission pour retrouver sa femme et son petit garçon. Et pourquoi pas les emmener en vacances ? "En Normandie ou en Bretagne ! De toute façon, j'aime toute la France !, sourit le soldat. Mais on se reposera après la guerre, la priorité, c'est la victoire contre les Russes."

A Houliaïpole, l'armée urkainienne peine à atteindre l'ennemi russe malgré la contre-offensive - écoutez le reportage d'Hajera Mohammad

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