: Reportage "C'est un miracle qu'on leur résiste" : dans le sud-est de l'Ukraine, l'armée peine à atteindre l'ennemi russe malgré la contre-offensive
C’est une ville au milieu des champs de tournesols, devenue l’un des points de combats les plus féroces que se livrent depuis un an et demi Russes et Ukrainiens : à Houliaïpole, dans le sud-est de l’Ukraine, ils se font face à face d’un côté et de l’autre de la ligne de front. Sept kilomètres seulement les séparent. Mais difficile pour les Ukrainiens d’atteindre l’ennemi, bien rodé, malgré la contre-offensive lancée il y a deux mois.
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"Plus vite, il faut marcher plus vite, presse Bogdan, militaire immobilisé à Houliaïpole depuis le début de la guerre. À cause des drones russes, ils observent le moindre mouvement et ensuite ils attaquent." Il ne faut pas rester et poursuivre le chemin en voiture. Les rues de la ville, dévastées par les bombardements, défilent. "Regardez, lance Bodgan, c'est le marché... Enfin c'était..."
Après quelques kilomètres de trajet, nous nous arrêtons au bord de la route. Bogdan nous invite à entrer dans une petite maison aux volets bleus. À l’intérieur, plusieurs soldats d'une unité d'artillerie se reposent et proposent thé et café.
A leurs pieds, des grosses caisses en métal : "Ce sont des boîtes des mines, indique l'un d'eaux. Elles sont vides..." Oleg, torse nu, bras tatoué, nous avoue à demi-mot que la contre-offensive avance très lentement.
"C'est vrai que selon le plan, on devrait déjà être sur la plage, au sud, au bord de la mer d'Azov..."
Olegà franceinfo
La situation reste bloquée à Houliaïpole : chaque camp s'observe, se jauge à distance, avec ces sept kilomètres de terre totalement minés qui les sépare. "En ce moment, c'est surtout un duel avec des combats d'artillerie, souligne Oleg. Ils nous attaquent et contre-attaquent, mais ils ont plus de ressources. C'est un miracle qu'on leur résiste !"
"Les Russes peuvent envoyer 1 000 soldats se faire tuer un jour, et le lendemain en renvoyer 2 000 autres. Pour nous, c'est hors de question : chaque vie est précieuse."
Olegà franceinfo
"On a déjà eu plusieurs blessés et morts dans notre bataillon, soupire Oleg. Un camarade a été tué la semaine dernière. Donnez-nous les armes et vous verrez, la guerre sera finie avant l'hiver."
Malgré les sourires et la bonne humeur, la fatigue se lit sur les visages. Bogdan attend depuis un an et demi d'avoir une permission pour retrouver sa femme et son petit garçon. Et pourquoi pas les emmener en vacances ? "En Normandie ou en Bretagne ! De toute façon, j'aime toute la France !, sourit le soldat. Mais on se reposera après la guerre, la priorité, c'est la victoire contre les Russes."
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