: Reportage En Ukraine, des centres de réhabilitation pour aider les soldats "épuisés moralement au bout de deux ans"
En treillis ou en survêtement, les soldats ukrainiens se laissent bercer par la musique relaxante d'une séance d'aromathérapie. Ces militaires suivent un programme dans un centre de réhabilitation de la région de Kharkiv, pour une durée de deux semaines. Chaque groupe est composé d'une vingtaine de soldats. Ils sont accompagnés par un psychologue, ce que Sergeï ne comprenait pas vraiment au début. "On n'avait pas le choix, explique Sergueï, nos commandants nous ont envoyés ici pour suivre le programme de réhabilitation du centre. Mais en fait, je me sens bien. Là-bas, c'est le stress constamment, ici tu te reposes et tu te changes les idées."
En Ukraine, la mobilisation de nouvelles troupes est un sujet majeur alors que le pays va entrer dans sa troisième année de guerre. Il n'y a pas assez de turn-over sur le front et les permissions sont trop rares. Les conséquences psychologiques n'en sont que plus dévastatrices pour les soldats, usés psychologiquement et physiquement. Dans ce centre, on tente tant bien que mal de remettre des militaires vaguement sur pied.
Des problèmes de violence ou des pensées suicidaires
Le centre permet également aux familles de se retrouver durant la durée du programme. Quand il ne suit pas les activités proposées, Youri est avec sa femme Natalia et sa fille Sofia, qu'il n'a vues que deux semaines depuis le début du conflit. "Au bout de deux ans, je suis épuisé moralement, raconte Youri. Beaucoup de gars ne tiennent pas le coup parce que plus de deux tiers de notre armée est composée de mobilisés, qui n'avaient jamais été confrontés à la guerre. Mais elle est arrivée dans notre vie alors on fait la guerre."
Ce sont les psychologues des unités qui décident de qui doit suivre ce programme. Les hommes sur le front peuvent rencontrer des problèmes d'adaptation, raconte le directeur du centre, des problèmes d'agressivité, de violence, d'incapacité à communiquer ou encore des pensées suicidaires. La santé mentale des soldats est un défi majeur pour la société ukrainienne, explique Igor Prykhodko : "Sur une échelle de 0 à 100, l'importance de ce sujet est à 150. C'est très important, presque tous les soldats souffrent du stress lié au combat. L'État y pense, bien sûr, mais évidemment nous n'avons pas assez de moyens."
Environ 5 000 soldats sont passés par le centre, qui a ouvert six mois après le début de la guerre. Selon des données non confirmées par les autorités, il y aurait au moins 200 000 soldats en première ligne, sur le front, en Ukraine.
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