Guerre en Ukraine : à Kiev, malgré les coupures de courant, le marché de l'immobilier persiste grâce à une clientèle attirée par les prix bas
Malgré les "black out" qui durent parfois plusieurs heures, les appartements de la capitale trouvent preneurs, les clients profitant de la chute des prix. Les visites se déroulent souvent à la bougie et sans ascenseur. franceinfo a suivi une agent immobilier.
"Tse pratsyuye !" ("Ca marche !"), lâche Evguenia, l’agent immobilier. L’immeuble est plongé dans le noir, faute de courant, en cette fin d’après-midi à Kiev, mais pourtant un petit miracle : l’ascenseur fonctionne. Et tant mieux car l’appartement de Kiev que s’apprête à visiter Katia est au… 18e étage ! Une fois dans le couloir, Evguenia a sorti sa petite lanterne et ouvre la porte : "Voilà la salle de bains et les toilettes séparées…" Et de la cuisine aux chambres, sa cliente a activé, elle, la fonction lampe de poche sur son portable.
"Avec mon mari, on cherche un appart’ vraiment sympa, explique Katia. On veut qu’il soit spacieux, cosy, et puis qu’on ait une super vue, sur Kiev". Elle est de Tchernihiv, dans le nord-est de l'Ukraine, mais vit dans la capitale depuis des années. Et, malgré la guerre avec la Russie et les black out réguliers, rien ne la décourage. Surtout pas une coupure d’électricité : "Vous savez, depuis tout ce temps, on s’est habitués. C’est notre nouvelle réalité."
"Pour moi, aucun problème à visiter un appartement sans lumière, ou sans eau ! Et s’il avait fallu monter au 18e étage sans ascenseur, je l’aurais fait. Et puis l’obscurité… ça donne une touche de magie".
Katia, habitante de Kievà franceinfo
L’appartement que présente Evguenia est très beau, très moderne. Le loyer ? 1 600 euros aujourd’hui contre 2 500 avant la guerre. Les prix ont chuté, confirme l’agent immobilier, entre moins 30% et moins 50%. Beaucoup de gens sont partis alors forcément, il y a bien plus d’offre que de demande, désormais. Les logements très en hauteur ont globalement moins la cote. Mais Katia ne s’en soucie pas. Les missiles ? "C’est au début de la guerre, surtout, qu’on en avait peur", assure-t-elle. Et puis vous savez, comme on dit : ‘Si c’est le destin, c’est le destin’".
Comme Katia, un quart des clients d’Evguenia sont aujourd’hui des habitants de la capitale qui font jouer le marché et cherchent des logements moins chers. Des Ukrainiens déplacés également et un tiers d’étrangers (personnels d’ambassades, humanitaires…). L’agent immobilier dit aussi que son métier a beaucoup changé : "C’est un moment difficile pour tous ceux qui sont dans l’immobilier. Avant la guerre, on gagnait trois fois plus". Et Evguenia conclut d’une pirouette : "Si jamais vous manquez d’agents immobiliers dans le sud de la France… Moi je suis prête."
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