: Reportage Guerre en Ukraine : comment l'usine de Thales en Irlande du Nord compte avoir quadruplé sa production de missiles en 2025
En Irlande du Nord, Thales annonce le doublement de la production de missiles depuis le début de la guerre en Ukraine et prévoit la même chose pour 2025. Un objectif qui intervient alors que le Conseil européen a annoncé vouloir gonfler de 5 milliards d'euros son budget d'armement pour Kiev. Et lors de la réunion des pays alliés de l'Ukraine à Ramstein, en Allemagne cette semaine, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin confirmait que la demande la plus urgente des Ukrainiens concernait les armes antiaériennes.
Sauf que l'Europe se retrouve en position de devoir fournir cet armement seul, les budgets américains pour ce faire demeurant bloqués au Congrès. Rien d'impossible en fait : l'industrie de défense européenne a mis les bouchées doubles pour produire ces armes sophistiquées et efficaces.
Des missiles sol-air LMM ou des missiles Starstreak, voilà les armes antiaériennes construites par Thales UK à Belfast et qui font un malheur en Ukraine : efficaces contre les hélicoptères, les chasseurs et même les drones russes, des armes que Kiev réclame toujours davantage. Nul ne veut dire combien de pièces ont été livrées, essentiellement par le Royaume-Uni, mais on parle en centaines. L'usine de Belfast où sont assemblées ces armes de précision, capables de toucher un objectif volant de la taille d'un ballon de basket à 5 km, a mis les bouchées doubles.
"Depuis le début de la guerre et jusqu'à aujourd'hui nous avons doublé la production concernant ce qui sort de cette usine."
Alex Cresswell, PDG de Thales UKà franceinfo
"La production a doublé en deux ans, et elle doublera encore d'ici les deux prochaines années, explique Alex Cresswell. Et on a pu faire ça en utilisant le bâtiment que vous avez pu voir pour optimiser la production, de manière à réduire le temps de production d'un engin de moitié : la productivité est donc le double de ce qu'elle était avant."
Des délais de mise à disposition "très accélérés"
Et il n'y a pas que les missiles eux-mêmes : ceux-ci peuvent être tirés par un homme seul ou en série, à partir d'un véhicule comme le Rapid Ranger. David Oliveira supervise l'intégration des systèmes d'arme Starstreak et LMM sur les Rapid Ranger. "L'assemblage dure entre six et huit semaines, précise-t-il. Aujourd'hui, on a toujours une production qui est en cours, indépendamment de tout contrat. On a investi sur des lots de Rapid Ranger et là on est en train de les construire. Et on peut maintenant répondre aux demandes des clients et leur offrir des délais de mise à disposition très accélérés par rapport à la norme du secteur."
Entre la production en continu de certains systèmes hors commandes, l'embauche d'une centaine d'opérateurs, la mise en place de nouvelles lignes de production, Thales UK a mis elle-même la main au portefeuille, confirme Alex Cresswell. "On a augmenté le volume de notre bilan pour l'année dernière de 60 millions."
Une année 2023 record pour Thales
Doubler les volumes de production peut même se faire en quelques semaines. Dans ce hall, on produit les tubes de lancement du missile antichar NLAW, coproduit avec le Suédois Saab, également très utilisés en Ukraine. Six lignes d'assemblage qui n'existaient pas début janvier, explique Philipp McBride, directeur exécutif de Thales UK. "Il y a deux mois, c'était beaucoup plus petit, fonction du rythme de production qu'on nous demandait. Évidemment, il y a eu une augmentation de la demande des clients. Et du fait de cette demande du marché, on a dû vraiment accélérer cette production. On l'a au moins doublé. Et c'est ce que vous constatez ici : les capacités industrielles qui nous ont permis de le faire."
Le groupe Thales, champion de l'électronique de défense, auquel est affilié Thales UK, a connu une année 2023 des plus fastes avec en tout 18,4 milliards d'euros de ventes.
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