Reportage "Il faut avoir zéro confiance envers tout" : comment l’Ukraine tente de lutter contre la désinformation venue de Russie

Kiev doit faire face à de plus en plus de cyberattaques russes, notamment contre les médias ou les enfants, via le téléchargement de jeux vidéo suspects. Une guerre devenue presque aussi cruciale que celle dans les tranchées.
Article rédigé par Virginie Pironon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les attaques dans le cyberespace entre la Russie et l'Ukraine ont démarré bien avant la guerre à grande échelle, dès 2014. (TRAFFIC_ANALYZER / DIGITAL VISION VECTORS)

À quelques jours des élections européennes, l'UE s'efforce de lutter contre la désinformation venue de Russie. En Ukraine, cette désinformation est quotidienne, en particulier sur les réseaux sociaux, très prisés par la population. À tel point que cette "cyberguerre" est devenue presque aussi cruciale que celle qui se déroule dans les tranchées.

Selon Alina Elevterova, experte en cybersécurité, à Kiev, les attaques dans le cyberespace ont démarré bien avant la guerre à grande échelle, dès 2014. Mais depuis deux ans, évidemment, tout s'est accéléré, avec une attaque de grande ampleur de la part de hackers russes toutes les sept minutes. "Ils ciblent en priorité les structures gouvernementales, énergétiques et militaires. Il y a quelques mois, notre opérateur de téléphonie mobile, Kyivstar, a été la cible d'une attaque critique."

"Les Russes ont fait disparaître tout un pan de la structure du réseau. Il a fallu beaucoup de temps pour reconstruire quelque chose de différent pour que les communications puissent fonctionner à nouveau."

Alina Elevterova, experte en cybersécurité à Kiev

à franceinfo

Cible privilégiée du Kremlin : les médias ukrainiens. Certains, comme Ukrayinska Pravda, ont été piratés lors de la bataille d'Avdiïvka, en février dernier, et les hackers ont laissé ce message : "Les Ukrainiens ont déserté, les militaires d'Avdiïvka sont morts, aucun survivant. Nous avons perdu Avdiïvka pour toujours ! Des choses comme ça...", raconte Alina Elevterova.

Un enfant ukrainien manipulé par l'armée russe

Pour Olga Guzhva, experte en cybersécurité chez Internews Ukraine, la vigilance doit être constante. "Il faut avoir zéro confiance envers tout. Il n'y a plus aucune source fiable, ça n'existe plus." Méfiance également du côté des jeux en ligne ou à télécharger sur son téléphone.

Près de Kharkiv, au début de l'offensive, un enfant de dix ans a ainsi été manipulé par l'armée russe : "Ils lui ont demandé de télécharger un jeu, précise Olga Guzhva. C'était une sorte de jeu de combat, il avait besoin d'indiquer la position des soldats ukrainiens ou du matériel militaire. Il devait par exemple aller dans le centre du village et rentrer tous ces renseignements sur une carte." Cette fois, cela s'est soldé par de simples dégâts matériels. Sur TikTok, comme sur Instagram, les enfants et les adolescents ukrainiens sont devenus une des cibles privilégiées de la propagande russe.

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