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Reportage "La guerre ne se terminera que lorsque la Russie s'effondrera" : en Ukraine, la question d'ouvrir des négociations ne fait pas l'unanimité

Après neuf mois de guerre, l'Ukraine poursuit sa contre-offensive. Alors que l'hiver s'annonce rude pour les civils, la question des négociations avec la Russie est évoquée mais elle est loin de rassembler. 

Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une unité de déminage de la police ukrainienne vérifie la zone d'un silo à grains utilisé comme base militaire russe pendant l'occupation à Snihurivka, région de Mykolaiv, le 16 novembre 2022.  (IHOR TKACHOV / AFP)

Andrey, trois enfants de deux mariages différents, est ingénieur dans sa vie normale. Les traits fatigués, il patiente avec son bataillon devant un bâtiment officiel transformé en caserne dans une ville du sud de l'Ukraine. "Oui, nous récupérerons la Crimée !", lance-t-il. Andrey et ses compagnons sont déterminés. Quand on parle de l'hypothèse pour l'Ukraine d'ouvrir des négociations avec la Russie, neuf mois après le début de l'invasion, la réponse fuse : "Pas question !", réagit un autre militaire. Et Andrey de reprendre : "La guerre ne se terminera que lorsque la Russie s'effondrera. De quelles négociations vous parlez ? Je connais la Russie. Même si les Russes paient pour reconstruire l'Ukraine, même si leur armée quitte notre territoire, dans dix ou quinze ans, ils se diront à nouveau qu'ils sont surpuissants et recommencerons."

"Ceux qui veulent pousser l'Ukraine à négocier, je leur pose la question : si vous aviez perdu autant d'amis proches à cause de la guerre, vous seriez prêts à négocier, vous ?'"

Andrey, soldat ukrainien

à franceinfo

Après neuf mois de guerre, l'armée ukrainienne a récupéré une partie du territoire et poursuit sa contre-offensive. Mais le pays est toujours à la merci des bombes russes. Les infrastructures sont frappées et le bilan humain est extrêmement lourd. Andrey et ses compagnons n'ont pas l'autorisation de révéler combien de leurs compagnons ont été tués. Andrey – ses yeux s'embuent – résume : trop. Bien trop. "À ceux qui veulent négocier, je leur laisse le soin de le dire eux-mêmes aux épouses et aux mères de mes compagnons qui ont été tués."

À Mykolaiev, Igor, lui n'est pas militaire. Sa ville compte parmi celles qui ont subi de très lourds bombardements. Igor aime profondément son pays. Mais comme bien d'autres, il préfère le dire discrètement : oui, pour lui, il faut négocier, et surtout ne pas tenter de récupérer la Crimée. "Je pense que les territoires devraient être libérés. Mais la Crimée, elle a vraiment été très 'russifiée', lance-t-il, Je ne suis pas sûre du tout que ses habitants veuillent revenir en Ukraine. Et puis le prix à payer serait tellement élevé. "

"Nous ne pouvons pas faire la guerre éternellement. Je suis un optimiste. Mais en même temps, je suis aussi réaliste."

Igor, habitant de Mykolaiev

à franceinfo

Les sacrifices sont trop importants et après neuf mois de guerre, les souffrances ont marqué le pays au fer rouge. Igor sait que plus la guerre durera, plus il sera à contre-courant.

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