Reportage "Vous avez vos documents militaires avec vous ?" : en Ukraine, l'armée patrouille à la recherche de soldats pour renouveler les effectifs

De nombreux Ukrainiens font valoir leur droit d'exemption pour échapper à la mobilisation.
Article rédigé par Boris Loumagne - Yashar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les commissariats militaires ukrainiens multiplient les contrôles en pleine rue à la recherche d'hommes qui devraient être mobilisés. (BORIS LOUMAGNE / RADIOFRANCE)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a obtenu en partie ce qu'il cherchait, la semaine dernière aux Etats-Unis. Washington s'est engagé à fournir de nouvelles armes à l'Ukraine. Mais il y a une chose que les alliés occidentaux ne peuvent donner, ce sont des hommes pour aller combattre sur le front. Depuis le déclenchement de la guerre, Kiev a enrôlé près de 500 000 civils dans son armée. Ce n'est pas suffisant, alors il faut traquer ceux qui tentent d'échapper à la conscription, en se cachant ou en se faisant discret. C'est le travail des commissariats militaires qui patrouillent dans les villes à la recherche de ces hommes.

Les voitures blanches du commissariat militaire sont bien connues à Lviv, et inspirent de la crainte. Le soldat Maxime est au volant et cherche les hommes de 25 à 50 ans : "Là, vous voyez, il y a un jeune homme. On va s'arrêter pour le contrôler." Maxime l'interroge : "Vous avez vos documents militaires avec vous ?" Il poursuit : "Je recherche votre nom dans la base. Vous avez renouvelé vos données ? Et la commission médicale obligatoire ?" L'homme a 40 ans, il sort fébrilement tous ses papiers et assure être étudiant. Il n'est pas mobilisable dans l'immédiat, tout comme les pères de trois enfants ou les personnes invalides.

"Vous avez votre carte d'étudiant ?"

"Vous faites des études donc ? Vous avez votre carte d'étudiant ?", poursuit Maxime. Le quadragénaire tend sa carte, les mains tremblantes, mais tout est en règle. Il peut partir sous l'œil goguenard des soldats du commissariat militaire qui croisent quotidiennement des étudiants de plus de 40 ans : "Ceux qui n'avaient pas fait d'études avant la guerre essaient désormais de s'inscrire dans des études supérieures pour avoir une exemption pendant cette période."

Taras est officier au sein du commissariat militaire de Lviv : "Parmi les familles qui avaient deux enfants au début de la guerre, de nombreuses ont fait un troisième enfant pour profiter du droit d'exemption. C'est un phénomène très répandu." Les contrôles s'enchaînent. Là un père de trois enfants, en règle donc. Là un ancien combattant démobilisé en règle également.

"Les gars sur le front, ils ne sont pas éternels"

Les fraudeurs sont difficiles à débusquer, confie le soldat Volodymyr : "Il y en a qui ne sortent même pas de chez eux. S'ils sont mariés, c'est leur femme qui sort pour faire des courses. Eux, ils ne bougent pas." Traquer des citoyens ukrainiens pour les envoyer sur le front, c'est un travail qui peut paraître ingrat pour les hommes du commissariat militaire, mais il est capital. "C'est la guerre dans notre pays 24 heures sur 24. Les gars sur le front, ils ne sont pas éternels, explique Maxime. Eux aussi veulent se reposer et il faut donc les remplacer." Et son collègue Sergui conclut : "Plus il y a d'hommes dans l'armée, plus rapide sera notre victoire."

En Ukraine, l'armée patrouille à la recherche de soldats pour renouveler les effectifs. Reportage de Boris Loumagne

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.