Soldats nord-coréens, assauts répétés, intérêt stratégique... Ce que l'on sait de la contre-offensive russe dans la région de Koursk
La Russie riposte. Depuis le début du mois de novembre, Moscou intensifie ses opérations dans la région de Koursk, territoire russe occupé en partie par les troupes ukrainiennes grâce à une contre-offensive lancée en août. Kiev doit encaisser des vagues d'assauts violents, selon les autorités ukrainiennes, et le Kremlin remplit ses rangs sur cette partie du front : Volodymyr Zelensky a assuré, lundi 11 novembre, que 50 000 soldats y avaient été mobilisés par la Russie. Dans ce contingent, 11 000 sont nord-coréens selon lui, les Etats-Unis avançant de leur côté le nombre de 10 000. Franceinfo détaille ce que l'on sait de cette contre-offensive russe sur son territoire.
Des soldats nord-coréens déployés dans la région de Koursk
Dans une allocution à la nation, Volodymyr Zelensky a assuré, lundi, que les troupes ukrainiennes "résistaient contre un large groupe de soldats russes, environ 50 000" dans la région de Koursk, en Russie. "A cause de cette opération, ils ne peuvent pas être déployés sur les offensives russes menées contre notre territoire", a ajouté le président ukrainien. Les Etats-Unis ont ensuite confirmé, mardi, que ce contingent comprenait plus de "10 000 soldats nord-coréens (...) engagés dans des opérations de combat". D'après une note des services de renseignement ukrainiens consultée par le Financial Times, la Corée du Nord a aussi fourni à Moscou des systèmes de roquettes et d'artillerie à longue portée, dont certains ont été transférés vers Koursk.
"Nous sommes incroyablement inquiets de la décision de la Russie de se tourner vers la Corée du Nord pour lui fournir des soldats pour continuer sa guerre brutale contre l'Ukraine", a déclaré Vedant Patel, le porte-parole du département d'Etat américain. L'entrée des troupes nord-coréennes dans le conflit ukrainien aura un impact "extrêmement significatif" sur la sécurité de l'est de l'Asie, a de son côté affirmé samedi le ministre des Affaires étrangères japonais en visite à Kiev. "Le succès de la Russie sur le champ de bataille (...) dépendra en grande partie d'à quel point les Russes pourront intégrer [les soldats nord-coréens] à leur armée", a ajouté Vedant Patel. Parmi les défis identifiés par Washington : "l'interopérabilité ou la barrière de la langue".
Selon les services de renseignements sud-coréens, ces soldats font partie du "Storm Corps", une unité d'élite des forces spéciales de la Corée du Nord, rapporte l'Institute for the Study of War (ISW). Lee Woong-gil, un ancien membre des "Storm Corps" réfugié en Corée du Sud, assure au Washington Post que ces soldats "ne sont pas formés avec la meilleure technologie, ni à des équipements avancés (...) S'ils sont déployés sur le champ de bataille, où les Ukrainiens utilisent des technologies avancées, des drones et des missiles, ils n'auront jamais eu cette expérience auparavant". Mais George Barros, analyste à l'ISW, estime auprès du New York Times que malgré le manque d'expérience, "la cohésion et la discipline sont peut-être les seules qualités sur lesquelles [les forces nord-coréennes] sont meilleures que celles des Russes".
L'armée russe continue les assauts violents
Moscou se montre offensive pour récupérer du terrain à Koursk, selon plusieurs observateurs. Les forces russes "exécutent maintenant les ordres de leurs chefs militaires, en essayant de repousser nos troupes et de s'enfoncer dans le territoire que nous contrôlons", a déclaré, lundi, le général Oleksandr Syrskyi, commandant en chef des forces armées ukrainiennes, sur Facebook, après s'être rendu sur place. Ce jour-là a d'ailleurs été "en particulier un jour noir pour les occupants russes qui ont lancé cinq à six vagues d'assaut", a déclaré l'attachée de presse d'une des unités ukrainiennes, selon l'Oukraïnska Pravda.
Une note des services de renseignement de la défense britannique, consultée par The Telegraph lundi, estime que la Russie pourrait encore intensifier ses attaques de drones kamikazes contre les positions ukrainiennes dans les jours à venir.
Un intérêt stratégique en vue de potentielles négociations
Cette contre-offensive intervient une dizaine de jours après l'élection de Donald Trump comme président des Etats-Unis. Sans donner des précisions sur son plan, le républicain a assuré pouvoir mettre fin à la guerre "en 24 heures". Cette déclaration laisse penser que des tractations entre l'Ukraine et la Russie arriveront plus rapidement qu'attendu. "Koursk a pris dernièrement une importance politique étonnante aux yeux de Moscou et de Kiev, juge l'analyste militaire finlandais Emil Kastehelmi auprès de La Croix. La Russie a déclaré qu’elle ne négociera pas avant d’avoir repris la zone."
Le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire auprès de l'ONU, confirme, auprès de France 24, que ce regain d'intérêt n'est pas un hasard : "Le président [Vladimir Poutine] a intérêt à gagner le maximum de terrain avant le 20 janvier [date de l'investiture du président élu Donald Trump], de façon à être en position de force lorsqu'il y aura des négociations. C'est une nécessité pour lui et c'est pour ça qu'il fait l'effort en ce moment."
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