Soutien de la France à Kiev : Emmanuel Macron en chef de guerre, Gabriel Attal cantonné à la politique politicienne

Alors que l'accord bilatéral de sécurité entre la France et l'Ukraine a été adopté à une large majorité, mardi, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre et le Président de la République se partagent les rôles.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gabriel Attal et Emmanuel Macron, le 1er septembre 2023. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Les députés ont voté par 372 voix contre 99 en faveur de la stratégie française d'aide à l'Ukraine. L'Assemblée nationale a donc largement adopté, mardi 12 mars, l’accord bilatéral de sécurité signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky entre la France et l’Ukraine, sans les voix de La France insoumise et avec l’abstention du Rassemblement national. Une victoire symbolique, mais une victoire quand même, pour les troupes du chef de l’État. Ce qui apparaît désormais, c’est que le Président et le Premier ministre se répartissent les rôles.

Dans la foulée de ce vote, le Président a annoncé qu’il s’exprimerait devant les Français jeudi soir à 20h sur TF1 et France 2. L’entourage d’Emmanuel Macron en est persuadé : ce vote, non contraignant et purement symbolique, valide la ligne du Président à une très large majorité. Alors que ces dernières semaines, le chef de l’État a semé le trouble, y compris parmi ses soutiens, quand il a affirmé que rien ne devait être exclu, pas même l’envoi de troupes au sol en Ukraine assurant au passage que le soutien de la France est sans limite.

Gabriel Attal, cogneur dans l'hémicycle

Bien loin de l’image, qui avait même suscité des moqueries, d’un Emmanuel Macron attablé au Kremlin avec Vladimir Poutine ou décrochant son téléphone pour "ne pas humilier la Russie". Depuis, l’Ukraine est devenue le thème central du début de la campagne moins de trois mois avant les élections européennes. Chantre du sursaut collectif, Emmanuel Macron se souvient que le début de la guerre en Ukraine avait percuté - voire perturbé - la dernière campagne présidentielle, probablement à son avantage.

À Emmanuel Macron, donc, le surplomb, les grands enjeux et le costume du chef de guerre à la télé. À Gabriel Attal, le rôle du cogneur dans l’hémicycle, contre l’ennemi juré et désigné le Rassemblement national : "S'abstenir, c'est fuir. Fuir ses responsabilités devant l'histoire. Trahir ce qui nous est de plus cher depuis le 18 juin 1940 : l'esprit de résistance."  Au risque de voir le débat tourner uniquement au duel et à l’affrontement avec les troupes de Marine Le Pen. "Vous avez instillé l'idée qu'en défendant l'intérêt de la France, en étant fidèle à la tradition gaullienne, on se ferait les relais d'intérêts étrangers. Pour cela aussi, Monsieur le Premier ministre, vous serez sévèrement jugé par nos compatriotes", fustige la présidente du groupe dans l'hémicycle.

"Je vous ai entendue, Madame Le Pen, vous réclamer du général de Gaulle et du gaullisme. Je dirais simplement en réponse à cela que toutes les positions que vous avez tenues sur la Russie, ce sont, à chaque fois, des appels du 18 juin inversés", lui répond Gabriel Attal. Politique politicienne, accusations réciproques, alors que le Premier ministre a estimé, mardi après-midi, que nous étions "à un moment de bascule du conflit".

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