: Témoignage Guerre en Ukraine : à Kiev, cet habitant est rentré chez lui malgré l'interdiction pour "témoigner de ce que la guerre a fait"
Viktor avait quitté ce quartier d'Hostomel, proche de l'aéroport peu après le début de l'offensive russe. La zone ayant été reprise par l'armée ukrainienne, il a décidé de revenir pour photographier les dégâts colossaux avant le feu vert des autorités.
En théorie, les habitants de Hostomel, au nord-ouest de Kiev, ont interdiction de revenir chez eux avant le 14 avril. Mais Viktor et sa chienne Aïza, eux, sont bel et bien revenus il y a deux jours : "C’est parce que j’aime plus ma maison que les voisins", sourit-il. Au déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, Il a été contraint de quitter cette bâtisse dans laquelle il vivait depuis 40 ans. Son quartier, collé à l'aéroport et à la base militaire, est devenu l’enjeu d’une bataille acharnée pour la défense de la capitale.
"Ça a dû être l'enfer"
Viktor raconte comment il a vécu l'offensive russe : "J’étais là sur le balcon trois heures après le début de l’offensive, et j’ai vu les Russes arriver, des Tchétchènes. J’ai vu les hélicoptères russes bombarder l’aéroport et nos soldats qui tentaient de défendre leur base". L’aéroport a été d’abord pris par les Russes, puis repris après des semaines de combats acharnés par les Ukrainiens, début avril. Entre temps, les combats ont été particulièrement intenses, au sol comme dans les airs et tout le quartier en porte encore les traces béantes.
"L’aéroport est de ce côté-là, nous montre Viktor, mais là, vous voyez ces immeubles transpercés par les missiles, ça a dû être l’enfer, parce que les Tchétchènes s’étaient installés là et se battaient contre nos soldats qui défendaient la base, et les Ukrainiens ont aussi énormément tiré d’artillerie pour empêcher les Russes de s’emparer de la piste d’aviation."
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Beaucoup de ses voisins sont partis se réfugier à l’étranger. D’autres ont été évacués de force en Biélorussie. En attendant qu’ils puissent revenir, Viktor se fait un devoir de photographier tout ce qu’il voit depuis deux jours : "Je fais beaucoup de photos parce que je suis sous le choc, et que ça me permet de sortir de cet état de choc. Aussi, parce que je connais mon quartier par cœur et que j’en ai une forme de nostalgie."
"Je veux montrer à mes voisins ce qui s’est passé ici, témoigner de ce que la guerre a fait, de ce que les Russes nous ont fait."
Viktor, habitant d'Hostomelà franceinfo
Cet ingénieur électricien aide aussi à rétablir le courant, pour que la vie puisse reprendre. Mais avant cela il faut que les démineurs aient terminé de sécuriser la zone. Au moment où nous quittons Viktor, une voiture passe et son haut-parleur prévient qu’à midi, des explosions contrôlées auront lieu pour détruire les mines retrouvées dans le voisinage.
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