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Témoignage Guerre en Ukraine : "J'ai fait ce que j'avais à faire", confie Nazar, soldat ukrainien amputé des deux jambes

Alors que l'armée russe annonce, mardi 13 septembre, mener des "frappes massives" sur tous les fronts en Ukraine, de nombreux soldats ukrainiens sont en rééducation après avoir été amputés.

Article rédigé par Benjamin Illy - Benjamin Thuau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nazar, amputé de deux jambes après un bombardement, avec sa femme Natalia et leur fille, dans un centre de rééducation de l'Ouest de l'Ukraine, le 12 septembre 2022. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Nazar a été blessé le 9 juillet à Tchassiv Iar, dans la région de Donetsk. Engagé dans l'infanterie, il raconte les tirs de roquettes, l'immeuble qui s'effondre. Nazar est enseveli pendant 19 heures, les jambes écrasées par des blocs de béton. À 33 ans, cet ouvrier devenu soldat du jour au lendemain est privé de ses deux jambes amputées au dessus des genoux.

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L'armée russe affirme, mardi 13 septembre, mener des frappes massives sur tous les fronts. Une réponse à la contre-offensive menée par l'Ukraine depuis deux semaines. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé, lundi, que l'armée ukrainienne avait repris 6 000 km² aux Russes grâce aux militaires "très motivés". Mais cet engagement n'est pas sans coût. Kiev a reconnu avoir déjà perdu plus de 9 000 soldats. Il y a également beaucoup de blessés, à l'image de Nazar.

Guerre en Ukraine : le témoignage de Nazar, soldat ukrainien amputé des deux jambes, au micro de Benjamin Illy et Benjamin Thuau

Des pompes et du gainage en centre de rééducation

"On n'avait pas le droit de céder face à un ennemi qui détruit nos villes, viole les femmes, tue les enfants, explique Nazar. Tu ne peux pas abandonner. J'ai fait ce que j'avais à faire. Je ne regrette rien et Dieu merci, je suis vivant."  Il bénéficie d'une rééducation dans un centre dédié aux militaires. Ici, ils sont une centaine, comme lui, mutilés, essayant de reprendre des forces. Ils ont aussi aidés par des psychologues. Depuis le début de la guerre, le centre affiche complet.

Dans la salle où les patients s'entraînent, Nazar enchaîne les pompes et les exercices de gainage. Il est entouré de toute sa famille, de sa femme et de sa petite fille âgée de quatre ans. Son épouse Natalia, 29 ans, décrit d'abord le choc quand elle a su que son mari était blessé. Elle a pleuré pendant trois jours. Elle reconnaît que "parfois, c'est difficile, ce sera différent", mais elle est très fière de son mari et "de son appétit de vivre".

Nazar veut reprendre une vie normale

Quand elle a appris l'état de son père, sa fille est "restée très calme". "Je lui ai dit que l'essentiel était que son père soit toujours avec nous, qu'il n'avait plus de jambes, mais que les docteurs allaient lui donner de nouvelles jambes que notre papa allait être comme un homme-robot et que nous aurions notre propre superhéros", raconte Natalia.

Contrairement à la plupart des soldats dans la salle qui espère retrouver l'armée dans une fonction adaptée à leur handicap, Nazar lui a fait son choix : il retourne à la vie civile dans l'attente de ses prothèses, entièrement financé par les autorités, tout comme ses soins médicaux. Nazar a l'air serein, il n'a rien d'un homme diminué. Il en est persuadé : "Chaque problème, chaque douleur nous rend plus forts". Quand on lui demande ce qu'on peut lui souhaiter, il répond "un sourire, un ciel paisible".

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