Témoignages "Ce qui se passe à Vovtchansk, c’est l’enfer" : dans la région de Kharkiv, les Ukrainiens fuient sous les bombes russes

Article rédigé par Virginie Pironon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une ukrainienne de 81 ans, Raisa, qui a été évacuée de la ville de Vovtchansk arrive à un point d'évacuation dans la région de Kharkiv, le 12 mai 2024. (ROMAN PILIPEY / AFP)
La Russie a lancé une offensive terrestre surprise dans la région de Kharkiv où d'intenses combats sont en cours. Plus de 4000 personnes ont dû être évacuées.

Vovtchansk est une ville fantôme. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, une patrouille de police fonce à toute allure dans une ville en ruine dans l’espoir d’évacuer les derniers habitants. "Rendez-vous dans les lieux publics, tonne le policier face caméra, muni d'un casque et d'un gilet pare-balles. Les patrouilles passeront vous récupérer. On évacue !"

"Des batailles défensives et des combats acharnés se poursuivent sur une grande part de notre frontière", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Kiev décrit une situation particulièrement difficile au nord-est du pays, dans la région de Kharkiv, où les combats se sont poursuivis tout le week-end après le début d’une offensive surprise de la Russie vendredi.

"L'occupant essaie de prendre pied dans certaines de ces zones, ou simplement de les utiliser pour progresser. La situation à la périphérie de Vovchansk est extrêmement difficile. La ville est sous le feu constant des Russes, nos militaires mènent des contre-attaques et nous faisons tout pour aider les habitants. Il est très important que chacun fasse en ce moment le maximum pour aider", a souligné Volodymyr Zelensky, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

"Les gens se retrouvent désormais sans aucun abri"

Dans la ville de Kharkiv, l’aide humanitaire s’organise, Elena*, une habitante de Vovtchansk, a réussi à quitter la ville par ses propres moyens. Désorientée, elle ne sait pas comment elle a réussi à s’en sortir. "Ils bombardent. Ils nous sont tous tombés dessus, vous savez, ces drones, qui larguent des bombes. Un voisin a été tué. Il courait dans la rue, les drones sont arrivés sur lui, il a eu les jambes arrachées à la taille. J’ai couru sous les buissons. Le drone a largué, mais il a raté ou il a frappé plus loin, dans la rue."

"Ce qui se passe à Vovtchansk, c’est l’enfer, décrit Victor Emelianenko*, à la tête d’une organisation humanitaire à Kharkiv qui se nomme "La ville de bonté". Je n’ai pas d’autres mots, parce que les gens se retrouvent désormais sans aucun abri. Vovtchansk a déjà été sous occupation. Mais ce n’était rien à côté de ça. "

En 2022, les habitants avaient fui une première fois puis le territoire a été reconquis. Beaucoup étaient revenus, certains avec leurs enfants. "Les gens se cachent dans les sous-sols, c’est très difficile de les faire sortir, explique Victor Emelianenko. La ville est en train d’être rayée de la carte. C'est une petite ville, ce n'est pas Marioupol, ce n'est pas Bakhmout. Je pense que dans deux ou trois jours, Vovtchansk cessera d’exister en tant que ville."

Sur une population de 17 000 habitants avant la guerre, il ne resterait, lundi matin, selon les autorités que quelques centaines de personnes à évacuer. Dans son allocution, dimanche, Volodymyr Zelensky a exhorté les Ukrainiens à continuer de résister et à se méfier de la propagande russe. Des informations circulaient selon lesquelles le gouverneur de Kharkiv aurait déserté les lieux. Faux, a-t-il répondu dans la soirée, avant de conclure : "Ne laissons pas l’ennemi exploiter la peur".


*Témoignages recueillis à distance depuis Kiev

Dans la région de Kharkiv, les Ukrainiens fuient sous les bombes russes. Le reportage de Virginie Pironon

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