: Témoignages Guerre en Ukraine : à Zaporijia, les réfugiés ukrainiens racontent l'horreur dans les zones occupées
Les récits de réfugiés ukrainiens à Zaporijia dans un centre d’accueil dessinent la carte d’un territoire de l’arbitraire où les occupants russes affirment leur nouveau pouvoir par la violence et l’humiliation.
Dmitry vit dans un centre pour réfugiés de Zaporijia depuis une semaine. Lui et sa famille ont quitté Marioupol il y a un mois, mais leur périple pour rejoindre la zone libre a commencé comme pour beaucoup à Mangouch, dans le camp de filtration créé par les Russes pour contrôler tous les civils qui veulent quitter Marioupol. "Ils prennent nos empreintes, vérifient nos passeports, mais surtout ils soumettent tout le monde à une pression très forte", explique Dmitry.
Dans le sud de l’Ukraine, la ville de Zaporijia, toute proche des régions occupées par l’armée russe, accueille en ce moment plus de 100 000 déplacés. Beaucoup viennent de Marioupol d’où ils fuient la violence des bombardements et du siège imposé par les Russes depuis un mois et demi. Mais ils sont nombreux aussi à chercher à échapper au climat de tension que font régner les soldats russes dans les zones occupées.
"Ce ne sont pas forcément des agressions physiques, mais des violences psychologiques, avec des interrogatoires très longs et agressifs, des fouilles à nu pour vérifier les tatouages ou une taxe de 400 dollars par voiture. Tout ça pour en laisser sortir une dizaine par jour seulement sur les centaines qui attendent."
Dmitry, habitant de Marioupol réfugié à Zaporijiaà franceinfo
Au-delà du camp de Mangouch, il y a la vie dans les villes occupées. Un vieil homme au regard perdu, arrivé ici seul, nous raconte comment dans sa ville d’Energodar il a été humilié, frappé et mis en joue par de jeunes soldats ivres de leur propre pouvoir. Parfois, les histoires de l’occupation russe sont plus tragiques encore : les cas de disparitions inexpliquées se comptent par dizaines. Celle que nous raconte Natalya, la coordinatrice du centre d’accueil des déplacés, donne un aperçu des tragédies qui restent encore à découvrir. "J’ai un ami qui est parti en zone russe au sud de Zaporijia pour chercher son fils et sa petite-amie qui avaient disparus, raconte Natalya. Il a fini par trouver les ossements brûlés de la jeune femme, et son fils brûlé lui aussi, qui apparemment avait survécu quelques jours mais qui était déjà mort quand son père l’a trouvé. Ce père a pris beaucoup de risques pour retrouver son fils et pour l’enterrer dignement, aux côtés de son amie."
Natalya, qui reçoit dans son centre des dizaines de déplacés chaque jour, récolte de nombreuses histoires aussi troubles et tragiques de gens molestés, rackettés, tués même, sur la route de l’exil. Mais pour saisir l’ampleur réelle de ces violences de l’occupation, il faudra attendre, comme autour de Kiev, un très hypothétique retrait de l’armée russe de ces régions du sud de l’Ukraine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.