Ukraine : des députés locaux à l'ONU, tout le monde se penche sur la crise
Le Parlement ukrainien, le gouvernement, le président, mais aussi les Nations unies, la Russie ou les Etats-Unis : alors que Kiev vit au rythme des manifestations, chacun donne son avis sur la situation explosive dans le pays.
Les manifestants pro-européens ne sont pas décidés à quitter la rue après plus d'une semaine de mobilisation. Ils continuent de demander le rapprochement de l'Ukraine et de l'Union européenne. Plusieurs milliers de personnes affluent autour du Parlement, mardi 3 décembre, dans le centre de la capitale, Kiev, ou les députés ont rejeté une motion de défiance du gouvernement.
Ce nouvel épisode survient alors que les autorités, locales et étrangères, jusque-là largement silencieuses, commentent depuis lundi la situation ukrainienne, tantôt pour mettre le feu aux poudres, tantôt pour tenter la médiation.
Des attitudes divergentes au sommet du pouvoir ukrainien
Le Parlement rejette une motion de défiance. Dans l'enceinte du bâtiment devant lequel se massent les opposants au pouvoir s'est joué un épisode décisif dans la crise qui secouent le pays : les parlementaires ont examiné et rejeté dans la journée une motion de défiance du gouvernement. Le président du Parlement, Volodymir Rybak, proche du président Viktor Ianoukovitch, avait annoncé sa mise à l'ordre du jour, conformément aux demandes de l'opposition. Cependant, en rejetant la motion, les députés ont renouvelé leur confiance au gouvernement.
Seulement 186 d'entre eux ont soutenu le texte proposé par trois groupes de l'opposition alors qu'une majorité de 226 voix était requise. Le Parti des régions, au pouvoir, n'a pas participé au vote.
Le gouvernement évoque un coup d'Etat. "Ce qui se passe présente tous les signes d'un coup d'Etat",a dénoncé pour sa part le Premier ministre, Mykola Azarov. "Nous faisons preuve de patience, mais nous ne voulons pas que nos partenaires pensent que tout leur est permis", a-t-il poursuivi lundi soir.
A l'occasion d'une rencontre avec les ambassadeurs de l'UE, des Etats-Unis et du Canada, il a évoqué, elliptique, une prise d'assaut du Parlement qui serait en préparation.
Le président Ianoukovitch tend une perche à l'UE. Alors que le chef de la police de Kiev a été limogé lundi, le chef de l'Etat a reconnu que les forces de l'ordre étaient "allées trop loin" dans leur usage de la force. Le président ukrainien a ainsi annoncé avoir pris l'initiative d'appeler le chef de la Commission européenne, José Manuel Barroso, afin de lui promettre de procéder à une "enquête sur l'usage de la force par la police".
Enfin, il a laissé entendre que l'intégration européenne était toujours sur la table, évoquant l'envoi d'une délégation ukrainienne pour discuter "de certains aspects de l'accord d'association" que Kiev a refusé de signer la semaine dernière, provoquant la colère d'une partie des Ukrainiens.
Quant aux relations de l'Ukraine avec son voisin russe, Viktor Ianoukovitch a fait savoir qu'il se rendrait bientôt à Moscou, afin de signer une "feuille de route de coopération".
Poutine dénonce "un pogrom"
Moscou a joué un rôle décisif pour dissuader Kiev de signer l'accord avec l'Union européenne. Ainsi, le président russe Vladimir Poutine, a fustigé lundi les manifestations. "Préparées de l'extérieur", elles "ressemblent plus à un pogrom qu'à une révolution", a-t-il commenté.
"Nous voyons comment des groupes bien organisés sont impliqués, a déclaré le président russe, qui soutient le président Ianoukovitch, lors d'une visite en Arménie. C'est une tentative de déstabilisation du pouvoir légitime."
Les occidentaux contre la "violence inacceptable" des autorités
Laurent Fabius invite Vitali Klitschko. Interrogé de RFI, le ministre des Affaires Etrangères a proposé, mardi, de recevoir à Paris Vitali Klitschko, ancien boxeur devenu l'un des leaders de l'opposition, "pour discuter de la situation".
En ce qui concerne les manifestations, Laurent Fabius note que "la population a réagi de manière extrêmement forte et en même temps de manière pacifique (...) La direction qui est prise [par les autorités] est extrêmement choquante". Des propos sur la même longueur d'onde que ceux prononcés dans la nuit à Washington.
Pour la Maison Blanche, il n'y a pas de tentative de prise du pouvoir en Ukraine. "Nous ne considérons certainement pas des manifestations pacifiques comme des coups d'Etat", a déclaré le porte-parole du président Obama, Jay Carney, réagissant aux propos du Premier ministre ukrainien. Au contraire, il a pointé une "violence inacceptable" à l'encontre de "manifestations pacifiques".
L'Onu appelle à la retenue. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi lancé lundi un appel au calme et au dialogue. Le secrétaire général "appelle toutes les parties à agir avec retenue, à éviter toute nouvelle violence et à respecter les principes de liberté d'expression et de rassemblement pacifique", a déclaré son porte-parole, Martin Nesirky.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.