: Vidéo Crimes de guerre en Ukraine : une école peut-elle être considérée comme une cible militaire légitime ?
Depuis le 24 février 2022, les infrastructures civiles ukrainiennes sont la cible permanente d'attaques, attribuées essentiellement aux forces russes. En date du 7 juin, selon l'ONU, 153 écoles avaient été frappées. La communauté internationale s'en est indignée, mais dans certains cas, il sera difficile pour la justice de qualifier ces frappes de crimes de guerre. Explications dans cet extrait.
A Tchernihiv (dans le nord de l'Ukraine), dont le centre-ville a été en grande partie détruit et où des dizaines de civils ont été tués, le procureur a ouvert une enquête pour crimes de guerre. Il a autorisé "Complément d'enquête" à suivre une visite de l'école n°18. En grande partie détruit, le bâtiment va être examiné par une équipe chargée d'instruire les cas de crime de guerre. L'objectif est de recenser tous les dégâts matériels. Ces éléments permettront aux enquêteurs de confirmer la piste d'une frappe aérienne.
La procédure, filmée, est menée par un enquêteur du ministère de l'Intérieur ukrainien. Il est entouré d'un procureur adjoint, d'un démineur, d'un spécialiste en explosifs, et d'un expert en bâtiment. La directrice de l'école est présente elle aussi. Etonnamment, l'expertise de l'école n°18 est bouclée en à peine plus d'une heure, sans que l'intérieur du bâtiment ne soit examiné. Officiellement pour raisons de sécurité. Mais une mère d'élève accepte de faire visiter les lieux à l’équipe de "Complément d’enquête".
Un centre logistique contrôlé par la défense territoriale
Dès les premières heures du conflit, Olga a travaillé dans les cuisines du premier étage, qui tournaient à plein régime avant le bombardement. Elle y préparait les repas pour les soldats au front, "pour 385 personnes". Au début, ils étaient 150 volontaires à travailler ici, explique-t-elle, mais ils ont fait l'erreur de communiquer l'adresse de l'école sur Facebook "pour encourager les gens à apporter ce qu'ils avaient, pour des collectes, pour venir cuisiner les repas". C'est ce qui aurait permis aux forces russes de bombarder l'école. Selon elle, 14 personnes ont été transportées à l'hôpital, blessées ou tuées. Pas seulement des civils, mais aussi des militaires, reconnaît Olga, car "il fallait que quelqu'un assure la sécurité".
L'école n°18 abritait donc un centre logistique, contrôlé par des volontaires de la défense territoriale, engagés pour défendre le pays. Le bâtiment, qui était protégé par des sacs de sable et des fortifications et apportait une aide logistique aux soldats, pourrait être considéré comme une cible légitime en temps de guerre.
Extrait de "Crimes de guerre : le visage des bourreaux", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 23 juin 2022.
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