: Vidéo Crimes de guerre, responsabilité de Vladimir Poutine, journaliste assassiné en Ukraine... Karim Khan, procureur général de la Cour pénale internationale, répond aux questions de "Complément d'enquête"
"Nous avons des motifs raisonnables de croire qu'il y a bien eu des crimes relevant de la compétence de la CPI", confirme le procureur général de la Cour pénale internationale. A son retour d'Ukraine, où sont menées des enquêtes sur des accusations de génocide, crimes de guerre ou crimes contre l'humanité, Karim Khan a accordé un entretien à "Complément d'enquête", dont voici l'intégralité.
Comment la justice qualifie-t-elle un "crime de guerre" ? Quels sont les délits qui constituent une violation du droit international (en font partie les violences, notamment sexuelles, contre des femmes et des enfants) ? Comment définir les responsabilités ? A la suite d'un document consacré à la traque des auteurs de crimes de guerre en Ukraine, "Complément d'enquête" diffusait le 23 juin 2022 un entretien avec le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI).
"Il n'y a aucune immunité pour quiconque"
"Toute personne qui porte une arme, qui pilote un avion, qui conduit un tank, qui lance un missile, ou simplement quelqu'un qui a une position de pouvoir sur quelqu'un d'autre, tout le monde a une responsabilité dans un conflit", a énuméré Karim Khan, soulignant qu'en la matière, "aucune immunité" ne saurait exister "pour quiconque". Selon l'article 27 du Statut de Rome, rien ne s'opposerait donc à ce Vladimir Poutine lui-même soit jugé à La Haye, affirme-t-il. Que le président russe, "celui qui a ordonné cette guerre", "celui qui est vraiment le responsable", soit traduit devant un tribunal, c'est bien ce que souhaite la mère de Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste français tué en Ukraine, dans une adresse particulièrement émouvante au procureur général.
"Aucun procureur digne de ce nom ne commence une enquête avec une cible prédéfinie (...). Ma boussole, ce sont les preuves", avait rappelé celui-ci auparavant.
"J'ai été à Boutcha, j'ai marché dans ses rues, j'ai été derrière l'église St Andrew, et j'ai vu les corps. Ce sont de vrais cadavres, ça n'a pas été inventé : des gens ont bien été tués, mais il faut quand même une approche scientifique."
Karim Khan, procureur général de la CPIà "Complément d'enquête"
Un travail minutieux de collecte et d'examen de preuves potentielles (auquel la Russie est invitée à collaborer) se poursuit donc, pour ne pas "conclure en brûlant des étapes importantes", ne pas se laisser induire en erreur par "le brouillard de la guerre".
Une interview diffusée dans "Complément d'enquête" le 23 juin 2022.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.