VRAI OU FAKE : le régiment Azov s'est-il débarrassé de son symbole néonazi ?
Accusé par la Russie d'être rattaché à une mouvance néonazie, le bataillon Azov a créé un nouveau logo reprenant les codes de l'emblème national ukrainien. Mais la wolfsangel fait toujours partie de l'identité visuelle du régiment.
Sur Twitter des internautes pro-russes pensent avoir démasqué une opération de communication menée par le régiment Azov. "Azov n'est plus néonazi, ils ont changé leur logo", "Le bataillon Azov a retiré de son insigne un symbole néonazi". Derrière ces tweets, une même photo : des soldats en rang qui portent un écusson marqué "Azov forces spéciales de Kharkiv". Sous ce nom, un logo. Trois épées, disposées en forme de trident, le symbole national de l'Ukraine. Le logo traditionnel du régiment Azov que l'on appelle la wolfsangel et qui est une référence à l'imagerie nazie, a disparu.
Alors les soldats d’Azov tentent-ils de se débarrasser de ce symbole au passé encombrant ? La source de cette information, c’est le journal britannique Times, repris sur les réseaux. L’auteur y raconte la cérémonie de création d'une nouvelle unité du régiment Azov à Kharkiv, le 29 mai dernier. Devant l'absence de la wolfsangel sur les badges distribués, il affirme : "Le bataillon Azov a enlevé un symbole néonazi de ses insignes, qui aidait jusque-là à nourrir la propagande russe".
Un symbole toujours présent
En fait, rien n’indique qu’Azov abandonne ce symbole. Sur le site officiel comme sur la chaîne YouTube du régiment, la wolfsangel est toujours bien en évidence. Sur les photos complètes de l'événement publiées par un cadre local, elle apparaît même directement sur le t-shirt d'un membre du régiment. Le logo présent sur l'écusson n’est qu’un symbole alternatif d’Azov, comme le montre une vidéo de propagande. On y voit un emblème très similaire. Il s'agit de celui d'une autre unité de forces spéciales basées à Kiev.
En réalité, il est difficile pour Azov de renoncer à ces symboles liés à l'extrême droite, malgré leur passé chargé. "Il faut bien distinguer les choses. Vous avez des gens qui arborent ce symbole par adhésion idéologique. Ce sont des symboles qui se sont extrêmement 'mainstreamisés' à partir de 2014. Ils relèvent en fait d'une volonté à la fois de provoquer la Russie et en même temps d'un côté assez esthétique conformément à cet archétype un peu militaire", explique Adrien Nonjon, chercheur à l’Inalco et spécialiste de l’Ukraine et de l’extrême-droite post-soviétique. Et la guerre n'incitera probablement pas le bataillon Azov à rompre avec ses idées et ses symboles d'extrême droite. En en faisant des outils de résistance elle pourrait même les renforcer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.