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[À vrai dire] Non, aucune femme n'a été violée à bord de l'Aquarius

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Durée de la vidéo : 3 min
Article rédigé par TV5MONDE - Jean-Luc Eyguesier
France Télévisions

Alors que l'Aquarius a repris ses opérations de sauvetage de migrants en mer Méditerrranée, revenons sur une rumeur relayée par de nombreux tweets : des femmes auraient été violées par certains rescapés à bord du navire affreté par SOS Méditerranée et MSF.

Sous-entendu, ce sont des délinquants sexuels que l'Europe s'est décidée à accueillir et qui ont débarqué au port de Valence le 17 juin dernier,après une semaine d'errance en mer très médiatisée. A vrai dire, aucun viol n'a été rapporté sur l'Aquarius. 

La rumeur est facile à démonter : elle est lancée par des sites d'extrême droite qui eux-mêmes s'appuient pourtant sur des articles de presse sérieux. 
Exemples : celui de Radio France Internationale (du 8 mars dernier) qui titre "le calvaire des femmes pendant l'exode" ou encore le site de la chaine de télévision espagnole La Sexta (la sixième) qui affirme : "la majorité des 73 femmes de l'Aquarius auraient souffert d'abus avant d'être sauvées." 
Or, même une lecture rapide permet de comprendre qu'il s'agit de violences subies par les femmes sur les routes de l'exil, en particulier en Libye, le point noir de ce voyage, et donc AVANT leur sauvetage en mer. Un phénomène documenté depuis des années par les ONG.

Témoignage 

Maurine Mercier est la correspondante de TV5Monde en Tunisie, envoyée spéciale en ce mois d'août à bord de l'Aquarius. Nous lui avons demandé d'enquêter sur ce sujet. Ses conclusions sont claires : 

"J'ai pu observer quelques dizaines de femmes pendant plusieurs jours, de jour comme de nuit. Ma liberté de travail a été absolue, j'ai passé énormément d'heures et, très franchement, ce que j'ai pu observer, c'est qu'elles étaient en sécurité, qu'elles étaient très bien encadrées."

"Une fois qu'elles sont sur le bateau, elles ne sont pas en danger parce qu'il y a des équipes à bord, de MSF et de SOS Méditerranée, qui sont là constamment, jour et nuit."

"Et puis, elles ont une salle réservée aux femmes. Les hommes doivent dormir sur le pont. De toute manière, tout le monde doit dormir à même le sol car ça reste un bateau de sauvetage donc le confort est rudimentaire. "


 Qu'est qui est proposée à ces femmes traumatisées ? 

"Ces femmes-là ont une sorte d'abri, de cocon et c'est vraiment ce dont elles ont besoin. Elles sont épuisées et très éprouvées psychologiquement. Cela leur donne une sorte de "nid" où elles peuvent retrouver de l'énergie et aussi échanger entre elles. Ce sont des sujets qui sont infiniment tabous... Cela leur permet de s'ouvrir sur les différentes expériences qu'elles ont dû subir en Libye.
Et puis, il y a une sage-femme constamment présente. Il y a aussi un espace, une petite clinique. Ce qui veut dire qu'elles peuvent bénéficier de consultations, y compris psychologiques avec la sage-femme. "


Selon les statistiques de SOS Méditerranée, en deux ans et trois mois de mission en mer, l'Aquarius a porté assistance à plus de 4500 femmes sur un total de 29 000 personnes secourues. Même sauvées des eaux, c'est encore un long et difficile chemin qui attend les femmes migrantes et réfugiées dans leur pays d'accueil.
 

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