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Des migrants de l'"Aquarius" accueillis en France : "Je regrette le retard de cette décision", réagit la députée Sonia Krimi

L'Espagne a accepté samedi l'offre de la France d'accueillir une partie des 629 migrants secourus par l'"Aquarius", attendus dimanche matin dans le port espagnol de Valence. La députée LREM de la Manche Sonia Krimi réagit à cette annonce auprès de franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Louise Hemmerlé
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La Croix-Rouge prend la température de migrants à bord de l'"Aquarius", le 23 avril 2018, à Trapani, en Sicile (Italie). (MAXPPP)

L'Espagne a annoncé, samedi 16 juin, que la France accueillerait des migrants de l'Aquarius. Après le refus de l'Italie et de Malte de laisser débarquer sur leurs côtes le navire humanitaire, il va finalement accoster à Valence, en Espagne, dimanche matin. Alors que l'Aquarius poursuivait son épopée en Méditerranée, le gouvernement français, lui, était sous le feu des critiques pour ne pas avoir proposé son aide à l'ONG SOS Méditerranée. 

En réaction à la polémique, Édouard Philippe avait déjà assuré mardi que la France était "prête à aider" l'Espagne pour "accueillir" ces migrants et "analyser la situation de ceux qui, sur ce bateau, pourraient vouloir bénéficier du statut de réfugié". Deux jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a rencontré son homologue espagnol, Josep Borrell, et lui "a confirmé que les autorités françaises étaient prêtes à apporter leur soutien à l’Espagne en accueillant en France des passagers de l’Aquarius qui répondraient aux critères du droit d’asile, après examen en Espagne de leur situation par l’Ofpra", comme l'a précisé un communiqué du Quai d'Orsay. Une proposition acceptée par l'Espagne. 

Sonia Krimi, députée de la Manche qui avait dénoncé le mutisme du gouvernement français "laissant à la dérive le principe d'accueil inconditionnel des migrants", réagit à cette annonce pour franceinfo. 

Franceinfo : Comment jugez-vous cette décision ? 

Sonia Krimi : C'est dans la continuité de ce qu'Édouard Philippe avait déjà annoncé. Qu'il y ait une coopération pour offrir une possibilité d'asile à certaines personnes sur les 629, je ne peux que saluer cela, je ne vais pas dire que tout est mauvais. Ce que je regrette, c'est le retard de cette prise de décision française. Au niveau de la communication, on n'a pas bien joué sur ce coup-là, j'espère qu'on va se rattraper. 

Mais cette décision ne résout pas tout. L'Europe n'est pas du tout prête. Qu'est-ce qu'on fait demain, si Matteo Salvini [le vice-président du Conseil et ministre de l'Intérieur italien] décide de faire un autre blocage ? Cela va être très, très dur de travailler avec des gouvernements extrêmes, mais aujourd'hui on y est obligés. 

Qu'espérez-vous de la France si ce scénario venait à se reproduire ? 

J'espère qu'on ne se posera plus la question. Si une fillette se noie dans un bassin où elle n'avait pas le droit d'aller, est-ce que vous la laissez se noyer, juste parce qu'elle est dans le grand bassin et pas dans la pataugeoire ? Quand quelqu'un se noie devant vous, vous ne vous posez pas la question. À un moment, on ne peut pas se cacher derrière la loi.

Les chiffres disent qu'il y a 33 000 personnes qui sont mortes depuis 1993 en essayant de rejoindre l'Europe. C'est un cimetière géant, cette mer Méditerranée.

Sonia Krimi

franceinfo

On ne peut pas, aujourd'hui, empêcher toutes ces personnes de venir. À l'ère d'internet où les gens ont accès à tout, ils veulent avoir une vie meilleure, de préférence chez eux. Mais quand ils ne peuvent pas l'avoir chez eux… Le problème de l'immigration est largement devant nous. Je ne dis pas ça pour être alarmiste, mais pour que nous soyons prêts. 

Là, d'après ce que je comprends, on n'a pas les moyens d'accueillir 629 personnes. Moi, je m'interroge sur la loi asile et immigration que nous avons votée : cela veut dire que nous n'avons même pas prévu cela. On est resté sur des ajustements techniques, sans réflexion globale sur la question de l'immigration. 

Quel est le sentiment au sein du groupe LREM par rapport à l'"Aquarius" ? 

Après avoir soulevé le problème en réunion de groupe mardi, énormément de personnes m'ont appelée pour me dire qu'elles avaient regretté de ne pas avoir pris la parole, et me féliciter pour mon courage.  

Pour moi, ne pas aborder cette question et seulement répondre "on va attendre ce que nous dit le ministre", c'est faire une énorme erreur. Parce qu'on est en train de créer l'ADN de LREM. C'est quoi notre ADN sur ce sujet ? Quand on pense tous la même chose, on ne pense plus rien. Moi, j'ai vécu sous une dictature [en Tunisie], ce qui n'est pas le cas de tous mes collègues. Je ne veux pas qu'on passe à côté de ce sujet. L'Aquarius, c'était un sujet très important à aborder. Moi, je n'attends pas qu'un ministre me dise ce que je dois penser. 

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